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Ils s’avancèrent en chantant et en chancelant vers la lettre divine : à son aspect, ils tombèrent ivres morts ; leur chute fut attribuée à la terreur du nom de Jésus. Ainsi l’Église tirait parti des événemens fâcheux.

Le baron, tout radieux, fit généreusement les honneurs de son château. Les fidèles mesuraient l’épaisseur de ces murs renversés avec tant de facilité ; on dressait procès-verbal du miracle, et la lettre divine fut dès-lors considérée comme un remède universel ; les malades affluèrent au monastère, et les miracles s’y multiplièrent avec les offrandes, suivant l’usage. Quant au prieur et au curé, le baron consentit à les laisser sortir aussi par la muraille. Ils ont le grain de foi, disait-il, ou ils ne l’ont pas. S’ils l’ont, ils renverseront les murs d’un seul mot ; il n’y a rien de plus aisé : on vient d’en avoir la preuve. S’ils ne l’ont pas, ils sont hérétiques, c’est-à-dire