Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/384

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et où sa réserve eût été double du montant actuel. — Il est même probable que, si elle avait continué à payer à bureaux ouverts et en espèces, elle aurait tué la panique avant d’arriver à l’épuisement de sa réserve[1].

  1. Nous ne saurions donner de ce curieux et grave épisode financier un historique plus net et plus complet, que celui dont M. Culloch a enrichi son édition d’Ad. Smith, et dont nous puisons la traduction dans la belle édition française de M. Blanqui. On sent, que ce morceau a été écrit sur la brèche, au spectacle des banques américaines qui s’écroulaient par centaines, des banques provinciales qui chancelaient avant de tomber, et d’un système, de crédit qui menaçait de couvrir de ruines le sol de l’Angleterre, déjà travaillé par la crise industrielle, la disette et les soulèvements politiques. On pourra reconnaître, dans les lignes qui vont suivre, combien les événements portent secours, aux saines théories, on y pourra voir les mêmes principes, les mêmes vérités, écrites avec des catastrophes et des faillites par la main du temps, et avec des mots et des phrases par les penseurs ; car la logique de l’esprit humain n’est si grande que parce qu’elle pressent et devance la logique des faits : —

    « La crise la plus importante dans l’histoire de la circulation du papier dé la Grande-Bretagne eut lieu en 1797. En partie par suite des événements résultant de la guerre où nous étions alors engagés, des prêts à l’empereur d’Allemagne, des traites faites sur le trésor par les agents anglais au dehors, et, en partie^ et principalement peut-être, par suite des larges- avances accordées au gouvernement par la banque d’Angleterre, le change devint onéreux en 1795, et, cette année, ainsi que les années suivantes, il fut demandé à la banque des quantités énormes en espèces. Il n’est pas douteux cependant que la dernière crise ne fût entièrement due à des causes politiques. Des bruits d’invasion, et même de descentes qui auraient eu lieu sur fies côtes, acquirent une certaine gravité pendant la fin de l’année 1796 et le commencement de 1797. Cette alarme provoqua chez beaucoup de particuliers, mais surtout chez les petits fermiers et les marchands en détail, un vif désir^de convertir là plus grande partie possible de leur fortune en espèces. Une foule redoutable se précipita sur la plupart des banques de province ; et la banqueroute de quelques-uns de ces établissements à Newcastle, ainsi qu’en d’autres parties du royaume, imprima une force nouvelle à la première paniquera banque d’Angleterre fut assaillie de tous les points du territoire par des demandes d’argent, et le fonds d’espèces et de lingots renfermés dans ses coffres, qui s’était élevé en mars 1795 à 7,940,000 livres, se trouvait réduit, le samedi 25 février 1797, à 1,272,000 livres, avec la perspective d’une violente irruption pour le lundi suivant. Dans cette douloureuse circonstance, le conseil privé se réunit et décida que les paiements en espèces seraient suspendus à la banque jusqu’à ce que le Parlement eût pu statuer. À cet effet, un ordre du conseil fut promulgué le dimanche 26 février 1797.

    « Aussitôt que commença la-suspension, les principaux négociants, banquiers et armateurs de Londres signèrent la résolution expresse d’accepter les billets de la banque d’Angleterre, et se portèrent caution des efforts qu’ils tenteraient pour les faire accepter des autres. Cette résolution prise conformément à l’état officiel