Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/385

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Si l’on réfléchit à l’opinion des directeurs de la banque sur les règles qui gouvernent les émissions de papier, on verra qu’ils n’ont usé de leur privilège qu’avec discrétion.

    des affaires de la banque qui fut rendu public, et jointe à l’emploi de ses billets dans les paiements publics, prévint toute interruption dans leur circulation ; et, grâce à la modération qui présida aux émissions, ils continuèrent pendant trois ans à être parfaitement équivalents à l’or.

    « La première baisse dans la valeur des billets de banque comparés à l’or commença vers la fin de 1800. Les faibles récoltes de-cette année amenèrent une exportation considérable de métaux précieux ; mais au lieu de diminuer leurs émissions, comme le leur ordonnaient les vrais principes, et comme ils eussent été obligés de le faire dans le cas où on leur eût imposé l’obligation de payer en argent, les directeurs ajoutèrent encore à la quantité de leurs billets existants, et la conséquence immédiate fut que ceux-ci subirent une dépréciation de 8 pour 100 comparés avec l’or. Mais bientôt après ils reprirent leur valeur ; et de 1803 à 1808 inclusivement, ils n’offraient plus qu’un escompte de 2 livres 13 scb. 3 deniers pour 100. En 1809 et 1810 cependant, les directeurs parurent avoir méprisé tous les principes qui avaient jusque là gouverné leurs émissions. La quantité moyenne de bank-notes en circulation, qui n’avait jamais dépassé 17 millions l/2, ni été au-dessous de 16 millions 1/2 dans aucune des années de 1802 à 1808 inclusivement, s’éleva en 1.809 à 18,927,833 livres, et en 1810 à 22,541,523 livres. Les émissions des banques de province s’accrurent dans un rapport encore plus grand, et comme il ne se manifesta pas qui développement relatif dans les affaires du pays, l’escompte sur les bank-notes s’éleva, de 2 liv. 13 sch. 2 deniers vers le commencement de 1809, à 13 livres 9 schellings 6 deniers en 1810. Cette chute extraordinaire dans la valeur du papier comparée à celle de l’or, jointe comme elle le fut à une baisse égale dans le change, excita au plus haut point l’attention, et en février 1810, un comité de la Chambre des communes fut désigné pour rechercher les causes du haut prix des lingots d’or, et de l’état du change. Le comité consulta plusieurs négociants et banquiers, et son rapport, principalement rédigé par, M. Francis Horner, renferme une habile réfutation des chiffres et des doctrines posés par ceux qui soutenaient que la baisse du change et le haut prix des lingots devaient être entièrement attribués à nos dépenses au dehors et à l’état spécial de nos relations avec les autres puissances, et ne tenaient nullement aux quantités additionnelles de papier qui étaient venues grossir la circulation. Mais la Chambré des communes refusa de sanctionner le projet par lequel le comité invitait la banque à reprendre ses paiements en espèces au bout de deux ans. Aussi, en mai 1811, époque à laquelle les guinées emportaient couramment une prime, et où les bank-notes éprouvaient un escompte avoué de plus de 10 pour 100 comparés aux lingots d’or, la Chambre des communes adopta, à une grande majorité, la résolution proposée par M. Vansittart (actuellement lord Bexley), déclarant que les engagements de la banque d’Angleterre avaient été jusqu’alors, et étaient encore en ce moment considérés dans l’opinion publique comme équivalents à la monnaie légale du royaume.

    « Cette résolution, tellement extraordinaire qu’elle était contraire au simple