Cette accumulation de capital fera naître une plus forte demande d’ouvriers, fera hausser leurs salaires, et augmentera la population ; il y aura ainsi, demande croissante de produits agricoles, et, par suite, augmentation de culture. Mais ce n’est qu’après l’augmentation de la population que les fermages pourront s’élever à leur ancien taux, c’est-à-dire après que les terres no 3 auront été soumises à la culture ; et il se sera écoulé dans cet intervalle un espace de temps assez considérable, signalé par une diminution réelle des rentes.
Les améliorations en agriculture sont de deux espèces : les unes augmentent la force productive de la terre, et les autres nous font obtenir ses produits avec moins de travail. Toutes deux tendent à faire baisser le prix des matières premières ; toutes deux influent sur la rente, mais pas également. Si elles ne faisaient pas baisser le prix des matières premières, elles ne seraient plus des améliorations ; car leur caractère essentiel est de diminuer la quantité de travail qui était nécessaire auparavant pour la production d’une denrée, et une telle diminution ne saurait s’effectuer sans être suivie de la baisse de son prix ou de sa valeur relative.
Les améliorations qui augmentent les pouvoirs productifs de la terre, comprennent les assolements et de meilleurs engrais. Par ces améliorations l’on peut retirer le même produit d’une moindre étendue de terrain. Si au moyen d’une rotation de turneps je puis en même temps nourrir mes moutons et avoir une récolte de blé, le terrain qui servait auparavant à nourrir mes moutons deviendrait inutile, et j’obtiendrais la même quantité de produits bruts en employant une moindre quantité de terrain. Si je découvre un engrais qui fasse produire au même terrain 20 pour cent en plus de blé, je puis retirer une partie du capital qui se trouve employé à la partie la plus improductive de ma ferme. Mais, comme je l’ai déjà remarqué, il n’est pas nécessaire, pour faire baisser la rente, de soustraire des terres à la culture : il suffit pour cela qu’on emploie des portions successives de capital dans la même terre avec des résultats différents, — la portion qui donne le moins de profit étant retirée. Si par l’introduction de la culture des turneps ou par l’usage d’engrais plus riches, je puis avoir le même produit moyennant le même capital ; et sans changer la différence qui existe entre les rendements des portions successives de capital, je ferai baisser la rente, car cette portion, qui est la plus productive, sera celle qui servira de mesure pour estimer toutes les autres. Supposons, par exemple, que les portions successives de capital produisent 100, 90, 80, 70 : ma rente