Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/124

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essentiellement aux mœurs et aux habitudes du peuple. L’ouvrier anglais regarderait son salaire comme au-dessous du taux naturel, et insuffisant pour maintenir sa famille, s’il ne lui permettait d’acheter d’autre nourriture que des pommes de terre, et d’avoir pour demeure qu’une misérable hutte de terre ; et néanmoins cela paraît suffisant aux habitants des contrées où « la vie est à bon marché, » et où l’homme n’a que des besoins aussi modérés que faciles à satisfaire.

Il y a bien des choses qui constituent aujourd’hui le bien-être du paysan anglais, et qu’on aurait regardées comme des objets de luxe à des époques reculées de notre histoire.

Les progrès de la société faisant toujours baisser le prix des articles manufacturés, et hausser celui des matières premières, il s’opère à la longue une telle disproportion dans leur valeur relative, que, dans les pays riches, un ouvrier peut, moyennant le sacrifice d’une petite quantité de sa nourriture, satisfaire amplement tous ses autres besoins.

Indépendamment des variations dans la valeur de l’argent, qui influent nécessairement sur les salaires, mais dont nous avons négligé les effets, — ayant supposé que la valeur de l’argent était invariable, — les salaires peuvent hausser ou baisser par les deux causes suivantes :

1o L’offre et la demande de travail ;

2o Le prix des denrées à l’achat desquelles l’ouvrier consacre son salaire.

À des époques différentes de la société, l’accumulation des capitaux ou des moyens de payer le travail, est plus ou moins rapide, et dépend toujours de la puissance plus ou moins productive du travail. Le travail est, en général, le plus productif, lorsqu’il y a abondance de terrains fertiles. À ces époques l’accumulation est souvent si rapide, que le capital ne saurait trouver assez de bras à employer.

On a calculé que, dans des circonstances favorables, la population pouvait doubler dans vingt-cinq ans. Mais, dans des circonstances