Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/150

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consacrés à la terre, et par la hausse des salaires, la somme totale des profits doit cependant augmenter. Supposons que par l’accumulation renouvelée souvent d’un capital de 100,000 l. le taux des profits tombe successivement de 20 à 19, à 18, à 17 pour cent, toujours en diminuant, on croirait que la somme totale des profits retirés par les possesseurs de ces capitaux successifs, doit toujours être progressive, et qu’elle sera plus forte lorsque le capital est de 200,000 l. que quand il n’est que de 100,000 l., et plus forte encore quand il est de 300,000 l., en continuant ainsi à augmenter, quoique dans une proportion moindre, par suite de toute nouvelle augmentation de capital. Cette progression, cependant, n’est exacte que pendant un certain temps ; car 19 pour cent sur 200,000 l. sont plus que 20 pour cent sur 100,000 l. ; et 18 pour cent sur 300,000 l. sont plus que 19 pour cent sur 200,000 l. Mais lorsqu’une grande somme de capital a été déjà accumulée et que les profits ont baissé, une nouvelle accumulation diminue la somme totale des profits. Supposons, par exemple, que l’accumulation soit de 1,000,000 l. et les profits de 7 pour cent, la totalité des profits montera à 70,000 l. ; qu’on ajoute ensuite à ce million un capital de 100,000 l. et que les profits baissent à 6 pour cent, les capitalistes ne recevront plus que 66,000 l., c’est-à-dire 4,000 l. de moins, quoique le capital se trouve porté de 1,000,000 l. à 1,100,000 l.

Tant que le capital donne un profit quelconque il ne peut y avoir aucune accumulation qui ne soit suivie d’une augmentation dans la quantité et la valeur des profits. Par l’emploi de 100,000 l. de capital additionnel, aucune portion de l’ancien capital ne deviendra moins productive. Les produits du sol et de l’industrie nationale devront s’accroître, et leur valeur s’élèvera non seulement en raison de l’augmentation de la quantité des produits, mais aussi en raison de la nouvelle valeur que donne à tous les anciens produits du sol la difficulté croissante de la culture sur les dernières qualités de terres, et c’est cette nouvelle valeur qui devient le prix de la rente. Néanmoins, lorsque l’accumulation des capitaux devient très-considérable, malgré cette augmentation de valeur, elle se trouve distribuée de telle sorte qu’il en est attribué une moindre part aux profits et une plus forte part au contraire à la rente et aux salaires. Ainsi, par l’addition successive de 100,000 l. au capital, le taux des profits baissant de 20 à 19, à 18 et à 17 pour cent, etc., les produits annuels augmenteront eu quantité, et dépasseront la totalité de la valeur additionnelle que le nouveau capital est susceptible de produire. De 20,000 l. le pro-