Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’autres emplois pour les consacrer à cette nouvelle branche lucrative du commerce extérieur, doit faire hausser les prix, et, par suite, les profits. Les écrivains les plus estimés ont émis cette opinion : Si, disent-ils, le capital consacré à la culture du blé, à la fabrication du drap, à celle des chapeaux, des souliers, etc., est diminué, tandis que la demande de ces articles reste la même, le prix de ces objets haussera tellement, que le fermier, le chapelier, le fabricant de draps et le cordonnier auront de plus forts profits, ainsi que le négociant qui fait le commerce étranger[1].

Ceux qui soutiennent cette proposition conviennent avec moi que les profits des divers emplois de capital tendent à se rapprocher entre eux, à hausser ou à baisser ensemble. Nous ne différons qu’en ceci : ils prétendent que la hausse générale des profits doit en amener l’égalité ; et moi, je soutiens que les profits de la branche de commerce favorisée doivent retomber promptement au niveau général.

Car, d’abord, je n’admets pas qu’il y ait nécessairement moins de capital employé à la culture du blé, à la fabrication des draps, des chapeaux, des souliers, etc., à moins que la demande de ces articles n’ait diminué ; et si cela était, ils ne baisseraient point le prix. Pour acheter les marchandises étrangères, il faudra employer une quantité égale, plus faible ou plus forte des produits du sol et de l’industrie de l’Angleterre. Si l’on emploie une portion égale, la demande de draps, de souliers, de blé et de chapeaux, sera la même que par le passé, et la même quantité de capital sera consacrée à leur production. Si, par suite du meilleur marché des marchandises étrangères, on consacre à leur achat une moindre portion du produit annuel du sol et de l’industrie de l’Angleterre, il en restera davantage pour d’autres objets. Si la demande de chapeaux, de souliers, de blé, etc., devient plus forte, comme cela peut arriver, les consommateurs des marchandises étrangères ayant une plus grande portion de leur revenu de disponible, le capital destiné auparavant à acheter les articles de l’étranger lorsqu’ils avaient une plus forte valeur, deviendra également disponible. Ainsi donc, tandis que la demande de blé, de souliers, etc., aura augmenté, il y aura en même temps plus de moyens de les payer, et par conséquent il ne peut y avoir de hausse permanente ni dans les prix, ni dans les profits.

  1. Voyez Adam Smith, liv. I, chap. 9.