Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/167

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Outre les perfectionnements dans les arts et dans les machines, plusieurs autres causes diverses exercent une influence constante sur le cours naturel du commerce, et dérangent l’équilibre et la valeur relative du numéraire. Les primes d’exportation ou d’importation, de nouveaux droits sur les denrées, troublent le commerce naturel des échanges, parfois directement, parfois indirectement, et rendent nécessaire l’importation ou l’exportation de l’argent, afin de faire accorder les prix avec la marche naturelle du commerce. Et cet effet a lieu, non-seulement dans le pays qui est sous l’influence d’une de ces causes perturbatrices, mais encore d’une manière plus ou moins forte dans toute l’étendue du monde commercial.

Cela explique jusqu’à un certain point la différence dans la valeur de l’argent dans chaque pays, et nous fait voir pourquoi, dans les pays où les manufactures florissent, les denrées nationales, surtout les plus volumineuses, sont, indépendamment d’autres causes, plus chères. Supposons deux pays ayant chacun précisément une population et une étendue semblables, des terres également fertiles en culture, et possédant une égale connaissance de l’agriculture, les produits agricoles seront plus chers dans le pays qui emploiera de meilleures machines et qui déploiera plus d’habileté dans la fabrication des marchandises destinées à l’exportation. Le taux des profits pourra, dans les deux pays, être à peu près égal ; car les salaires ou la récompense réelle du travail peuvent être les mêmes ; mais ces salaires, ainsi que les produits agricoles, seront estimés plus cher en argent dans celui des deux pays qui, en raison de la supériorité de ses machines, et de la plus grande habileté de ses ouvriers, recevra plus de numéraire en échange de ses marchandises.

Si chacun de ces pays excellait dans un genre particulier de manufacture, les métaux précieux ne pourraient affluer vers l’un plutôt que vers l’autre ; — ce qui arriverait infailliblement aussitôt que l’un des deux aurait sur l’autre une supériorité décidée d’industrie.

Au commencement de cet ouvrage nous avons raisonné dans la supposition que l’argent conservait toujours une valeur invariable, et maintenant nous cherchons, au contraire, à prouver qu’outre les variations ordinaires auxquelles l’argent est sujet dans sa valeur, et outre celles qui sont communes à toutes les industries, il est d’autres variations particulières que l’argent éprouve dans chaque pays. Dans le fait, l’argent n’a jamais une même valeur dans deux pays différents, car cette valeur tient aux impôts, à l’industrie, aux