Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/234

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le cas où les denrées seraient imposées, les profits s’élèveraient au dessus du niveau général, et le capital passerait d’un emploi à un autre jusqu’à ce que l’équilibre des profits se trouvât rétabli, ce qui ne pourrait arriver qu’après que les prix relatifs seraient changés.

Ce principe n’explique-t-il pas les différents effets que l’on a observés dans le prix des denrées, à la suite du changement dans la valeur du numéraire, pendant la durée de la loi qui autorisait la Banque d’Angleterre à suspendre ses paiements en argent ? On objectait à ceux qui soutenaient que l’agent de la circulation était déprécié par la trop grande abondance de papier-monnaie, que si cela était vrai, toutes les denrées auraient dû hausser dans la même proportion. On remarquait bien que plusieurs d’entre elles avaient varié de prix beaucoup plus que d’autres ; mais on en concluait que la hausse des prix était due à quelque cause qui affectait la valeur même des denrées, et non à un changement quelconque dans la valeur de l’agent de la circulation. Et cependant il semble, d’après ce que nous venons de dire, que dans un pays qui paie des impôts sur les denrées, leur prix ne varie pas dans les mêmes proportions, par suite de la hausse ou de la baisse de la valeur de la monnaie courante.

Si les profits de tout commerce étaient imposés, à l’exception de ceux du fermier, toutes les marchandises, excepté les fruits de la terre, auraient une plus forte valeur en monnaie. Le fermier aurait le même revenu en blé qu’auparavant, et il vendrait son blé également au même prix en monnaie ; mais comme il serait obligé de payer plus cher toutes les denrées autres que le blé, ce serait pour lui un impôt sur sa dépense. Un changement, même dans la valeur de l’argent, n’allégerait en rien le poids de cet impôt ; car ce changement pourrait faire baisser toutes les denrées à leur ancien prix, mais celle qui ne serait point imposé