Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/265

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producteur tirât moins de profit de la production du sel, il en devait obtenir davantage de la production de quelque autre denrée. Si un impôt, quelque lourd qu’il soit, est assis sur le revenu, et non sur le capital, il ne diminue pas la demande, il ne fait qu’en changer la nature. Il met le gouvernement dans le cas de consommer autant du produit de la terre et du travail national, que les contribuables en consommaient auparavant. Si mon revenu est de 1000 l. par an, et que je sois tenu de payer 100 l. d’impôts par an, je ne pourrai faire que la demande des neuf dixièmes de la quantité de marchandises que je consommais auparavant ; mais je fournis au gouvernement les moyens de faire la demande de l’autre dixième. Si c’est le blé qui est l’article imposé, il n’est pas nécessaire que ma demande en soit diminuée, car je puis préférer de payer 100 l. de plus par an pour mon blé, en réduisant ma dépense en vin, en meubles, ou en autres objets de luxe d’une somme pareille. Moins de

    gente, furent privés en totalité de cette matière si précieuse dans leur situation. La consommation du sucre diminua de moitié, et par conséquent les jouissances provenant de la consommation du sucre.

    Sans doute c’est un principe vrai en soi, qu’en général l’industrie et la production sont en raison des capitaux productifs ; et cependant toutes les observations nous persuadent que les impôts altèrent la production, même avant que la somme des capitaux soit entamée. Il n’est pas prudent, en économie politique, dé s’étayer même du principe le mieux établi, pour en déduire constamment les conséquences les plus incontestables. Les résultats sont modifiés par une foule de circonstances dont l’influence n’est pas moins incontestable, et qu’il est on ne peut pas plus difficile d’apprécier. Heureusement que ces questions ardues ne sont pas celles dont l’application présente le plus d’utilité. Ce qu’il y a de vraiment important dans l’Économie politique, c’est de savoir en quoi consistent les richesses, par quels moyens elles se multiplient et se détruisent ; et sur ces points essentiels, Smith, Buchanan, Malthus, Ricardo sont heureusement d’accord. — J.-B. Say.