Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/329

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quant à prétendre juger avec une certaine précision de ce qu’il peut avoir été à des époques antérieures, c’est ce qui doit être absolument impossible. » Cependant, puisqu’il est évident qu’on paie cher la faculté de se servir de l’argent, toutes les fois que par son moyen on peut gagner beaucoup, il croit que « le taux ordinaire de l’intérêt sur la place peut nous conduire à nous former quelque idée du taux des profits, et que l’histoire des progrès de l’intérêt peut nous donner celle du progrès des profits. » Certes, si le taux de l’intérêt pouvait être connu avec précision pendant une époque un peu considérable, il pourrait nous fournir une mesure assez exacte pour estimer le progrès des profits.

Mais dans tous les pays, par suite de fausses notions en économie politique, les gouvernements sont intervenus, pour empêcher que le taux de l’intérêt ne s’établît d’une manière libre et équitable, en imposant de grosses et excessives amendes sur tous ceux qui prendraient un intérêt au-dessus de celui fixé par la loi. On élude probablement partout de semblables lois ; mais l’histoire nous apprend peu de choses à ce sujet, et les écrivains nous indiquent plutôt l’intérêt fixé par les lois, que son taux courant.

Pendant la dernière guerre, les billets de l’échiquier et de la marine, en Angleterre, ont éprouvé une perte telle, qu’en les achetant on a pu retirer 7 et 8 pour cent, ou même un plus fort intérêt de son argent. Le gouvernement a négocié des emprunts à un intérêt au-dessus de 6 pour cent, et des particuliers se sont souvent vus forcés de payer, par des voies indirectes, plus de 10 pour cent pour l’intérêt de l’argent ; et néanmoins, pendant tout ce temps, l’intérêt légal était toujours au taux de 5 pour cent. Il y a donc fort peu de fond à faire sur ce que les historiens peuvent dire de l’intérêt fixe et légal, puisque nous voyons jusqu’à quel point il peut être différent du taux courant. Adam Smith nous apprend que, depuis la trente-septième année du règne de Henri VIII jusqu’à la vingtième année de Jacques Ier, le taux légal de l’intérêt demeura à 10 pour cent. Peu de temps après la restauration, il fut réduit à 6 pour cent ; et, par le statut de la douzième année de la reine Anne, à 5 pour cent. Il croit que l’intérêt légal a suivi, et non précédé le taux courant de l’intérêt. Avant la guerre d’Amérique, le gouvernement anglais empruntait à 3 pour cent, et dans la capitale, ainsi que dans beaucoup d’autres endroits du royaume, les gens qui avaient bon crédit empruntaient à 3 ½, 4 et 4 ½ pour cent.

Le taux de l’intérêt, quoiqu’il soit en dernière analyse, et d’une