Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/331

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qu’il ne porte que 4 l. 11 sh. 3 d. d’intérêt annuel. L’un de ces effets rapporte à l’acheteur, aux prix mentionnés, un intérêt de 5 ¼ pour cent ; l’autre ne rapporte que 4 ¼. Les banquiers ont besoin d’une certaine quantité de ces billets d’échiquier, comme offrant un placement sûr et négociable. Si leur quantité dépassait de beaucoup cette demande, ils se trouveraient aussi bas que les 5 pour cent. La rente à 3 pour cent par au aura toujours, comparativement, un prix plus haut que celle à 5 pour cent ; car le principal de l’une comme de l’autre ne peut être remboursé qu’au pair, c’est-à-dire, en donnant 100 l. st. en argent pour 100 l. st. de capital en rentes. Le prix courant de l’intérêt sur la place peut tomber à 4 pour cent, et, dans ce cas, le gouvernement rembourserait au possesseur des 5 pour cent son capital au pair, à moins qu’il ne consentît à recevoir 4 pour cent, ou un intérêt au-dessous de 5 pour cent. Le gouvernement ne retirerait aucun avantage de rembourser ainsi le possesseur des 3 pour cent, tant que le taux courant de l’intérêt ne serait pas descendu au-dessous de 3 pour cent par an.

Pour payer les intérêts de la dette nationale, l’on retire quatre fois par an, et pendant peu de jours, de grandes sommes de monnaie de la circulation. Ces demandes de monnaie, n’étant que temporaires, ont rarement de l’effet sur les prix ; elles sont, en général, remplies moyennant le paiement d’un taux plus élevé d’intérêt[1].

  1. « Toute espèce d’emprunt public, dit M. Say*, a l’inconvénient de retirer des usages productifs des capitaux ou des portions de capitaux pour les dévouer à la consommation ; et de plus, quand ils ont lieu dans un pays dont le gouvernement inspire peu de confiance, ils ont l’inconvénient de faire monter l’intérêt des capitaux. Qui voudrait prêter à 5 pour cent par an à l’agriculture, aux fabriques, au commerce, lorsqu’on trouve un emprunteur toujours prêt à payer un intérêt de 7 à 8 pour cent ? Le genre de revenu qui se nomme profit des capitaux s’élève alors aux dépends du consommateur. La consommation se réduit par le renchérissement des produits, et les autres services productifs sont moins demandés, moins bien récompensés ; la société, les capitalistes exceptés, souffre de cet état de choses. » À la question, « qui voudrait prêter à 5 pour cent par an à l’agriculture, aux fabriques, au commerce, lorsqu’on trouve un emprunteur toujours prêt à payer un intérêt de 7 à 8 pour cent ? » je réponds : tout homme prudent et sensé. Parce que le taux de l’intérêt est à 7 ou 8 pour cent là où le prêteur court un risque, extraordinaire, y a-t-il une raison pour qu’il soit aussi haut dans les endroits où les prêteurs sont à l’abri de pareils risques ? M. Say convient que le taux de l’intérêt tient à celui des profits ; mais il ne s’ensuit pas que le taux des profits dépende du taux de l’intérêt ; l’un est la cause, l’autre l’effet, et il est impossible que des circonstances quelconques puissent les faire changer de place. (Note de l’Auteur.)
*. Économ. politiq, liv. III, chap. 9