Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/351

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nution des salaires, ou, ce qui revient au même, dans l’augmentation des profits. Quant à sa propre part de la contribution, il la trouve dans la diminution du prix du blé qu’il consomme, et qui est l’effet de la prime.

Il est à propos de distinguer ici les différents effets que produit sur les profits un changement dans la valeur réelle du blé, estimée en travail, et un changement dans la valeur relative du blé, qui proviendrait de l’impôt et des primes. Si le blé baisse par un changement de son prix estimé en travail, non-seulement le taux des profits des capitaux changera, mais encore les profits absolus ; ce qui n’a pas lieu, comme nous venons de le faire voir, lorsque la baisse est occasionnée artificiellement par une prime. Dans la baisse de la valeur réelle du blé, qui provient de ce qu’un moindre travail suffit pour produire un des articles les plus importants de la consommation de l’homme, le travail est rendu plus productif. Moyennant un même capital, et l’emploi du même travail, on obtient une augmentation de produits ; par conséquent, non-seulement le taux des profits s’accroît, mais les profits absolus du capital augmentent aussi ; non-seulement chaque capitaliste aura un plus gros revenu en argent, s’il emploie le même capital en argent, mais encore ce revenu lui procurera une plus grande quantité de choses utiles et de jouissances. Dans le cas de la prime, l’avantage qu’il tire du bas prix d’un produit est compensé par le désavantage d’être obligé d’en payer un autre plus cher ; il retire de plus gros profits pour pouvoir payer ce prix plus élevé, en sorte que sa condition ne se trouve en rien améliorée. Quoique ses profits soient à un taux plus élevé, il ne peut cependant pas disposer d’une plus grande portion du produit de la terre et de l’industrie nationale.

Quand la baisse de la valeur du blé est amenée par des causes naturelles, elle n’est pas contrariée par la hausse des autres marchandises ; car ces marchandises, au contraire, baissent par suite de la baisse des produits naturels qui servent à les fabriquer. Mais quand la baisse du blé s’opère par des moyens artificiels, elle est toujours contrariée par la hausse réelle de la valeur de quelque autre marchandise ; en sorte que, si l’on achète le blé à meilleur marché, on paie d’autres denrées plus cher.

Voilà donc une nouvelle preuve qu’il ne résulte aucun désavantage particulier des impôts sur les objets de première nécessité, en raison de ce qu’ils font hausser les salaires et baisser les profits. Les profits tombent, en effet ; mais cette baisse est simplement égale au montant