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CHAPITRE XXV.

DU COMMERCE COLONIAL.


Dans ses observations sur le commerce colonial, Adam Smith a fait voir, de la manière la plus satisfaisante, les avantages d’un commerce libre, et l’injustice que les métropoles font éprouver aux colonies, en les empêchant de vendre leurs produits sur le marché où les prix sont le plus élevés, et d’acheter au contraire les objets manufacturés et leurs subsistances dans le marché où ces choses sont au plus bas prix. Il a prouvé que si on laissait chaque pays libre d’échanger les produits de son industrie dans le temps et dans les endroits qui lui conviendraient, on obtiendrait ainsi la meilleure distribution possible du travail de l’espèce humaine, et l’on s’assurerait la plus grande abondance des choses nécessaires ou agréables à la vie.

Il a encore tâché de faire voir que cette liberté de commerce, qui est incontestablement avantageuse à la société en masse, l’est également à chaque pays en particulier ; et que le système d’une politique étroite, adopté par les États de l’Europe envers leurs colonies, n’est pas moins nuisible aux métropoles elles-mêmes qu’il ne l’est aux colonies, dont on sacrifie les intérêts.

« Ainsi, comme tous les autres expédients misérables et nuisibles de ce système mercantile que je combats, dit Adam Smith, le monopole du commerce des colonies opprime l’industrie de tous les autres pays, et principalement celle des colonies, sans ajouter le moins du monde à celle du pays en faveur duquel il a été établi, et tout au contraire, en la diminuant. »

Cette partie de son sujet n’est cependant pas traitée d’une manière aussi claire et aussi convaincante que celle où il montre l’injustice du système adopté envers les colonies.

Sans prétendre décider si le système actuel, adopté par l’Europe à l’égard de ses colonies, est ou non nuisible aux métropoles, qu’il