Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/368

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ser le pris naturel des marchandises, l’augmentation d’argent en France y fera monter le prix naturel des marchandises et du vin. On importera donc moins de vin en Angleterre en échange de ses produits, quand le commerce sera entièrement libre, que lorsque ce pays sera particulièrement favorisé par des traités de commerce. Cependant, le taux des profits ne varierait pas ; le numéraire aurait changé de valeur relative dans les deux pays, et l’avantage que la France en retirerait, serait d’obtenir une plus grande quantité de marchandise anglaises en échange d’une quantité déterminée de produits français ; et la perte pour l’Angleterre consisterait en ce qu’elle obtiendrait une moindre quantité de marchandises françaises en échange des marchandises anglaises.

Le commerce étranger se soutiendra donc toujours, qu’on y mette des entraves, qu’on l’encourage, ou qu’il soit libre ; et il ne peut être réglé que par le changement du prix naturel, et non par le changement de la valeur naturelle des frais de production dans chaque pays, et ce changement s’opère dès qu’on altère la distribution des métaux précieux. Cette explication confirme l’opinion que j’ai émise ailleurs, qu’il n’y a pas d’impôt, de prime ou de prohibition sur l’importation ou l’exportation des marchandises, qui ne donne lieu à une différente distribution des métaux précieux, et qui, par conséquent, ne modifie dans tout pays le prix naturel et le prix courant des marchandises.

Il est donc évident que le commerce avec les colonies peut être réglé de manière qu’il soit en même temps moins avantageux pour les colonies et plus lucratif pour la métropole, qu’un commerce parfaitement libre. De même qu’il serait désavantageux pour un consommateur d’être restreint à n’acheter que dans une seule boutique, de même est-il nuisible pour une nation de consommateurs d’être forcée de n’acheter que dans un seul pays. Si la boutique, ou le pays en question, peut fournir les marchandises demandées à meilleur marché, ils sont bien sûrs de les vendre sans avoir besoin pour cela d’aucun privilège exclusif ; et s’ils ne peuvent pas les livrer au prix le plus bas, l’intérêt général demanderait qu’on ne les encourageât point à continuer un commerce qu’ils ne peuvent pas faire avec un avantage égal à celui de leurs rivaux. La boutique et le pays qui vendraient exclusivement pourraient perdre à ce changement d’emploi ; mais l’intérêt général n’est jamais si bien assuré que par la distribution la plus productive du capital général c’est-à-dire par un commerce universellement libre.

L’augmentation des frais de production ne diminue pas nécessaire-