Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/422

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tellement accroître le produit net, qu’il n’en résultât aucune diminution dans le produit brut, la situation de toutes les classes pourrait alors s’améliorer. Le propriétaire et le capitaliste profiteraient non pas de l’accroissement de leurs rentes ou de leurs profits, mais de la répartition des mêmes revenus sur des marchandises d’une valeur considérablement réduite. Quant à la condition de classes laborieuses, elle se trouverait aussi considérablement améliorée, 1o par une demande plus considérable de domestiques ; 2o par le stimulant que les revenus nets, abondants, communiquent toujours à l’épargne ; et 3o par le bas prix des articles de consommation que payaient leurs salaires.

Indépendamment de la question des machines que nous venons de traiter et d’approfondir, les classes laborieuses ont encore un grand intérêt à revendiquer dans la manière dont le produit du pays de trouve dépensé, quoique dans tous les cas cette dépense soit destinée à la satisfaction et aux jouissances de ceux qui y ont droit.

Si un propriétaire ou un capitaliste dépense son revenu à la manière d’un baron féodal, en s’entourant d’un grand nombre de serviteurs, de laquais, il emploiera bien plus de bras que s’il le consacrait à acheter de belles étoffes, de splendides ameublements, des voitures, des chevaux et tant d’autres objets de luxe.

Dans les deux cas le revenu net et le revenu brut seraient les mêmes ; mais le premier serait transformé en différentes marchandises. Si mon revenu était de 10,000 l. st. la même quantité de travail productif serait employée, soit que je m’en servisse pour acheter des objets de luxe, des velours, des tapis, soit qu’il fût consacré à acheter une certaine quantité de vêtements et de nourriture de la même valeur. Toutefois en transformant mon revenu en objets de luxe, je n’aurai pas nécessairement employé plus de travail, tandis que si je le consacrais à acheter des denrées nécessaires et à entretenir des domestiques, tous les individus que je pourrais entretenir avec mon revenu de 10,000 l. st. ou avec la nourriture et le vêtement que ce revenu me procure, devraient être considérés comme stimulant la demande de travail. Or, ce stimulant dépend uniquement de la manière dont il peut me plaire de dépenser mon revenu. Comme les ouvriers se trouvent ainsi intéressés dans la demande du travail, ils doivent naturellement désirer que l’on enlève aux dépenses de luxe les plus grandes sommes possibles pour les consacrer à l’entretien de domestiques.

De même un pays entraîné à travers les péripéties d’une guerre, et qui se trouve dans la nécessité de maintenir de larges flottes