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CHAPITRE XXXII.

DE L’OPINION DE M. MALTHUS SUR LA RENTE.


Quoique je me sois étendu assez longuement, dans les premiers chapitres de cet ouvrage, sur la nature de la rente, je me crois cependant obligé d’examiner certaines opinions émises sur cette matière, opinions qui me paraissent fausses, et qui sont d’autant plus dangereuses, qu’elles se trouvent énoncées dans les écrits d’un penseur auquel diverses branches de l’Économie politique doivent plus qu’à aucun autre auteur vivant. Je saisis cette opportunité pour témoigner de mon admiration pour l’Essai sur la population, de M. Malthus. Les attaques des adversaires de cet admirable ouvrage n’ont servi qu’à démontrer la solidité des doctrines qu’il renferme, et je suis convaincu que la réputation bien méritée de son auteur s’étendra à mesure qu’on cultivera davantage la science dont il est l’un des ornements les plus distingués. M. Malthus a aussi expliqué d’une manière satisfaisante la théorie de la rente, et il a fait voir qu’elle monte ou s’abaisse selon les avantages relatifs de fertilité ou de situation des différente terrains en culture. Par là il a répandu beaucoup de lumières sur plusieurs point difficiles qui ont du rapport avec le fermage, et qui étaient inconnus auparavant ou très-imparfaitement compris ; il me parait cependant être tombé dans quelques erreurs, que son autorité rend plus nécessaire de combattre ; et ce devoir devient moins pénible en raison de la noble simplicité qui le caractérise.

Une de ces erreurs consiste dans la supposition que la rente est un profit net, et une nouvelle création de richesse.

Je n’admets pas toutes les opinions de M. Buchanan au sujet de la rente ; mais je suis parfaitement d’accord avec les observations contenues dans le passage suivant de son ouvrage, et qui a été transcrit par M. Malthus. Par la même raison, je ne saurais adopter le commentaire que ce dernier auteur en donne :