Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/452

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ple, les lois de l’équilibre parce qu’un cheval s’abat, ou les lois de la vitesse parce que tel ou tel gouvernement est en retard ; ces intéressés ou ces myopes, en un mot, qui ne voient pas que la théorie c’est l’intelligence appliquée aux événements et les devançant, seraient mal venus sans doute à attaquer comme nuageux les principes d’un homme qui a gouverné la finance, remué les spéculations par milliards et démontré son habileté pratique par une fortune de quelques millions. Aussi l’opinion publique, en Angleterre, ne s’y est-elle jamais trompée. Dès l’apparition de son premier pamphlet (tract) publié en 1811, et ayant pour titre : Le haut prix des lingots est une preuve de la dépréciation des billets de banque, on reconnut ce qu’il y avait d’expérience dans la vie de M. Ricardo, on pressentit ce qu’il y aurait de vigueur et d’initiative dans sa pensée. La faveur qui accueillit ce premier jet de son talent, où il rappelait les banques éperdues et avides à la modération dans l’émission des billets, le suivit dans toutes ses autres productions et prépara le magnifique succès obtenu par les Principes d’Économie Politique, publiés, comme nous l’avons déjà dit, en 1817. Si bien qu’il n’est pas d’écrivain en Angleterre dont l’influence ait été plus puissante, plus universellement acceptée. Dans toutes les grandes crises financières de ce pays, on voulut connaître son opinion, on vint lui demander des solutions ; et tandis qu’à de faibles distances paraissaient successivement : la Réponse aux observations de M. Bosanquet ; l’Essai sur l’influence du bas prix des céréales sur les profits du capital ; le Projet d’une circulation économique et sûre ; le Plan d’une banque nationale ; tandis que les esprits méditaient ces œuvres, dictées par le moment et écrites sur la brèche, le parlement applaudissait aux trop rares discours qu’il prononça sur les questions de crédit et de richesse nationale. En 1819, le jour où sir R. Peel présenta le bill célèbre pour la reprise des paiements de la banque d’Angleterre, suspendus depuis 1797, toute la chambre se leva en masse pour prier M. Ricardo d’émettre son avis sur cette grave matière. Il ne fallut même rien moins que cette ovation des esprits pour desceller ses lèvres que la timidité avait tenues fermées pendant toute la session. On admira dans cette occasion la mâle simplicité de son langage, la rigoureuse netteté de sa logique, et on s’habitua à la domination latente d’un penseur qui retrempait chaque jour ses doctrines dans les eaux vives de la réalité. Nous ne saurions rien dire qui fût pour les œuvres de Ricardo un plus grand éloge. Faire désirer sa voix par une assemblée d’hommes éminents ; agir sur les résolutions de cette assemblée et signer de vastes réformes financières, c’en est assez sans doute pour recommander des écrits et constater leur haut mérite, sinon leur vérité absolue et complète.

Dans l’Introduction générale qui précède ce volume, nous avons discuté la