Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/510

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

supportant une perte d’intérêt proportionnelle qui serait considérée comme une dépense actuelle. Or, cette dépense, personne ne consentirait à la subir, puisque les petits billets pourraient acheter autant de marchandises que les guinées dont ils sont les représentants.

Un autre avantage à retirer de l’adoption de ce plan, serait de proscrire le travail improductif que l’on a si longtemps consacré, jusqu’en 1797, à monnayer des guinées. On sait qu’en effet, dans toutes les circonstances d’un change défavorable, et pour des causes que nous ne discuterons pas, ces guinées allaient se démonétiser dans le creuset du fondeur, et étaient exportées, sous forme de lingots, en dépit de toutes les lois prohibitives. Tous les partis s’accordent à reconnaître l’impuissance de ces prohibitions, et la facilité avec laquelle on franchit les obstacles élevés contre l’exportation du numéraire.

Un change défavorable ne peut en définitive être corrigé que par une exportation de marchandises, par une remise de lingots, ou par une réduction du montant de la circulation de papier. On ne saurait donc nous objecter la facilité avec laquelle on obtiendrait les lingots à la Banque ; car ce même degré de facilité existait avant 1797, et doit exister également sous tous les autres systèmes de paiements adoptés à la Banque. D’ailleurs, il est évident aux yeux de tous ceux qui ont profondément étudié la question des monnaies, que la loi contre l’exportation des métaux précieux, sous quelque forme que ce soit, est non-seulement impuissante, mais encore impolitique et injuste. De plus, elle est fatale à nos propres intérêts, et favorable au reste du globe.

Le plan que je propose ici me semble réunir à la fois les avantages de tous les systèmes de crédit pratiqués en Europe jusqu’à ce jour. — Sous certains points de vue on peut l’assimiler aux banques de dépôt d’Amsterdam et de Hambourg. Dans ces sortes d’établissements les métaux s’achètent toujours à un prix invariable. Je propose la même chose pour la banque d’Angleterre, seulement ; la constitution des banques de dépôt les oblige à avoir dans leurs coffres une masse de numéraire égale au montant des crédits ouverts chez elles en argent de banque. Elles retiennent donc dans un état de stagnation continue un capital équivalent au montant de la circulation commerciale. D’après notre organisation, au contraire, la Banque aurait toujours un quantum de monnaie de banque, connu sous le nom de billets de banque, et suffisant pour répondre aux besoins du commerce. En même temps la seule portion de capital improductif