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Page:Riccoboni - Œuvres complètes, Tome 1, 1818.djvu/143

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entrée avec Edouard. Blessée par l’aspect de ce lieu, elle s’en éloigna, et continua tristement sa promenade. Chaque allée, chaque détour de ce jardin lui rappeloient des souvenirs bien chers. Elle marcha jusqu’à la nuit ; et se trouvant fatiguée, elle reprit à pas lents le chemin de son appartement.

Soit que cet exercice déterminât la nature, soit que cet instant fûnt marqué par elle pour exciter les premiers mouvemens d’une créature dont l’existence étoit encore ignorée, ladi Sara sentit en elle-même une agitation extraordinaire. Elle n’en pénétra pas d’abord la cause, mais elle la sentit si souvent que, rapprochant plusieurs accidens attribués à sa maladie, et capables de confirmer le doute qui commençoit à s’élever dans son esprit, elle connut enfin un malheur dont elle n’avoit pas même formé l’idée. Un sentiment mêlé d’effroi, de honte, d’inquiétude, la troubla, l’interdit, et cependant l’intéressa vivement à l’objet de cette nouvelle peine. Liée plus fortement à Edouard par la découverte de son état, elle prit courageusement le parti de se regarder comme tenant à lui seul dans l’univers. Les devoirs qui balançoient souvent ses résolutions, cédèrent entièrement à des obligations pressantes et indispensables ; ainsi, dès ce moment, elle prépara tout pour quitter le château d’Alderson.

Forcée d’avouer sa situation et ses desseins à une de ses femmes, la jeunesse et l’attachement sincère de Lidy attirèrent sa confiance. Cette fille avoit une sœur établie à Londres. Elle lui écrivit par ordre de sa maîtresse, et la chargea de louer un apparte-