alternativement sur l’aimable cavalier et sur son image.
Cette singularité causa autant de plaisir que de surprise au marquis de Clémengis. Il venoit presser M. Duménil de lui donner ce portrait ; une Dame l’attendoit avec impatience. Il avoit cru trouver le peintre dans ce cabinet où il travailloit ordinairement : y voir à sa place une fille charmante, occupée à considérer ses traits, si parfaitement attachée à contempler son image, qu’elle sembloit se plaire à la regarder ; c’étoit une espèce d’aventure, simple, mais agréable : elle l’amusa, l’intéressa, et lui fit une impression très-vive.
Pendant qu’Ernestine continuoit à comparer l’original et la copie, le Marquis admiroit les grâces répandues sur toute sa personne. Impatient de l’entendre parler, il souhaitoit que son éducation et son esprit répondissent à une figure si séduisante. Il alloit commencer l’entretien, quand M. Duménil arriva, et lui fit de longues excuses sur ce qu’il ne pouvoit encore livrer le portrait. Le Marquis, déjà moins pressé de le donner, interrompit le peintre ; et voulant se procurer encore la douceur de voir les yeux d’Ernestine se fixer sur les siens, il feignit de n’être pas content, trouva des défauts de ressemblance, de dessin, de coloris : comme il blâmoit au hasard, la jeune élève de M. Duménil ne put s’empêcher de rire de ses observations.
Le Marquis la pria d’examiner avec attention s’il se trompoit. Elle le voulut bien. Il se plaça vis-à-vis d’elle ; et après y avoir mis toute son application, Ernestine jugea la copie parfaite. M. de Clémengis