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Page:Riccoboni - Œuvres complètes, Tome 1, 1818.djvu/475

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désir de faire expliquer Henriette ; et comme Ernestine ne s’étoit point accoutumée à résister aux mouvements de son âme, elle s’y abandonna, attendit le jour avec impatience, se leva dès qu’il parut, s’habilla simplement, et déjà prête quand on entra chez elle, après s’être encore consultée, avoir hésité un peu de temps, elle demanda des porteurs, sortit seule, et se rendit chez Henriette.

Mademoiselle Duménil venoit de s’éveiller, quand on lui annonça une visite qu’elle étoit fort éloignée d’attendre. « Eh ! bon Dieu ! cria-t-elle à Ernestine d’un air surpris, vous voir ici, vous, Mademoiselle ! quelle affaire si pressante peut donc vous y attirer » ?

« La plus intéressante de ma vie, répondit-elle. Je viens savoir si vous êtes encore cette amie, autrefois si sensible à mon malheur, dont le cœur s’ouvroit à mes peines, dont la main essuyoit mes larmes ! Si vous n’êtes point changée, pourquoi m’avez-vous affligée et presque offensée hier ? Si vous cessez de m’aimer, apprenez-moi comment j’ai perdu votre affection. Je me plaignois d’une longue négligence, d’un oubli surprenant, me plaindrai-je à présent de votre injustice » ? Et passant ses bras autour de son amie, la pressant tendrement : « Parlez, ma chère Henriette, dites-moi ce qui nous sépare, et pourquoi mon heureuse situation semble vous inspirer de la pitié ».

« Votre heureuse situation ! répéta mademoiselle Duménil ? si elle vous paroît heureuse, un léger reproche peut-il en troubler la douceur ? Mais quel dessein vous engage à me chercher ? pourquoi me presser de parler, ne m’avez-vous pas entendue » ?