DE MARIANNE. 563
les yeux sur mahautaine rivale ; elle paroissoit humiliée, peu s’en fallut qu’elle ne me fît pitié : mais l’a* mour offensé est un tigre, il ne pardonne point, et le meilleur cœur du monde ne sert à rien dans ces occasions.
« Eh bien, Mademoiselle, lui dis-je froidement, qu’est-ce qui vous fâche contre madame de Miran, ou Contre moi ? ni elle, ni celle qu’elle honore de ses bontés, ne peuvent répondre des évériemens ; c’est bien assez, je crois, de ne se mêler de rien : le cœùr de M. de Valville va et vient ; que voulez-vous qu’on y fasse ? ce n’est la faute de personne : tâchez de lé fixer, c’est votre affaire ; on ne vous le dispute point, je vous assure ». Et ce que je disois-là, je le disois d’un ton imposant, d’un petit air de triomphe, qui signifioit : Ce cœur me reviendra quand je voudrai ; faites vos efforts, moi, sans bouger, je l’emporterai ; je sais ce que je dis, je suis sûre de mon fait. « Est-ce que je songe à fixer M. de Valville, reprit-elle avec fierté ? que m’importent ses sentimens ? me suis-je abaissée à désirer*de lui en inspirer, à en prendre pour lui ? qu’ai-je à démêler avec cet homme-là ? suis-je faite pour éprouver aussi ses bizarreries ?.... » Et remarquez cet aussi, Madame ; il étoit fort impertinent, et ne m’échappa point. « C’est-à-dire, continua-t-elle, que vos petites finesses l’ont ramené ? à la bonne heure, rien ne m’est plus égal, assurément : mais est-il besoin que vous me compromettiez dans vos querelles, ou dans vos raccommodemens ? Est-ce vous qui avez dicté,ce billet ? M. de Valville