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le Mariage caché.

plus d’auſtérité, plus de contrainte, ſes goûts, ſes volontés, ſes caprices même ſont des loix, une foule d’admirateurs la ſuit, s’empreſſe autour d’elle : d’un regard, d’un ſouris elle fait le deſtin de tout ce qui l’environne ; les plaiſirs naiſſent ſous ſes pas. Oh ! l’agréable, le charmant inſtant, & que j’ai d’impatience d’en jouir !

Nison.

Celà s’appelle voir en beau.

Sophie.

Oui, votre imagination vous ſert agréablement, mais parmi tous les biens qu’elle vous promet, le Mari, ce me ſemble, eſt compté pour rien.

Nison.

Bon, bon, Mademoiſelle a bien fait de l’oublier ; toutes les fois que ces Meſſieurs là ſe préſentent à notre ſouvenir, c’eſt toujours moins pour accroître nos plaiſirs que pour les troubler.

Henriette.

Que nous allons être heureuſes, ma chere Sophie ! j’engagerai Monſieur de St. Aubin à vous permettre de vivre avec moi, vous ferez ma Compagne, vous partagerez tous mes amuſemens.

Sophie.

Je vous rends grace, Henriette, mes idées de bonheur ne reſſemblent point aux vôtres, & nous différons trop dans nos principes pour nous accorder dans nos goûts.