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le Mariage caché.
Celicour.

Non, mais je crains votre raiſon.

Clairville.

Ma raiſon ! ah, mon ami ne vous y trompez pas, j’ai beſoin moi-même d’indulgence ; ſi vous avez une confidence à me faire, j’ai un ſecret à vous apprendre, d’où dépend mon repos, ma joie ; mais parlez, parlez, mon Ami, votre exemple eſt néceſſaire pour m’encourager.

Celicour avec feu.

Clairville, connoiſſez vous l’amour ? ce ſentiment vif, impétueux, auquel nos plus grands efforts ne peuvent rien oppoſer ?

Clairville vivement.

Eh ! qui jamais éprouve mieux que mot l’impoſſibilité de lui réſiſter ?

Celicour.

Vous ne penſez donc pas que de froides conſidérations, de vaines bienſéances, doivent nous faire renoncer à nous-mêmes, au bonheur de toute notre vie ?

Clairville.

Ah ! mon Ami, je ſuis bien loin de le croire.

Ariette.

L’amour exerce ſes droits
Avec violence,
Et la raiſon à ſa voix
Garde le ſilence.
Dès qu’il ſe rend maître d’un Cœur,
Fortune, éclat, grandeur,