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jamais eus, a fait défense, disons-nous, de dire la sainte messe, entrer dans l’église, entendre nos confessions, nous administrer les autres sacrements et faire aucune de leurs fonctions ecclésiastiques, mis aux arrêts, et obligé de partir les dits missionnaires, sans que le gouverneur, ni autres personnes qu’il a pu faire tomber dans son avis, aient pu nous faire connaître, ni qu’ils puissent prouver que nos susdits et dignes missionnaires aient d’autres fautes que celles dont ils prétendent les trouver coupables, pour n’avoir pas voulu aller, loin de notre paroisse, relever un brigantin, ce qui ne regarde en rien nos dignes missionnaires ni leurs fonctions.

« Le dimanche suivant, le dit gouverneur fit assembler les députés et leur fit défense de faire ni dire aucune prière dans la chapelle du haut de la rivière… Ce sont ces tristes et déplorables conjonctures où nous sommes chaque jour exposés au sujet de notre religion, article qui nous touche de plus près, qui nous oblige d’implorer, avec la dernière soumission, Sa Majesté chrétienne le roi de France Louis XV, pour qu’elle daigne… faire déterminer et arrêter, d’une manière stable, les conditions auxquelles nos missionnaires pourront se tenir dans la suite, afin que nous ne soyons pas privés de secours spirituels au moindre caprice de ceux qui commandent. »

Ainsi, d’après ce document, conçu en des termes modérés et dignes, ce n’était pas seulement pour faire restituer les effets que les sauvages avaient enlevés d’un vaisseau naufragé, qu’Armstrong ordonnait à M. de St-Poncy de se rendre à Pobomcoup, mais encore pour obliger ce prêtre à aider au relèvement et à la réparation de ce navire. Le gouverneur entendait donc assujettir un missionnaire, sujet français, aux corvées qu’il imposait, et qu’il avait le droit