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chement, Je L’Envoye a Monseigneur d’ailleurs les sauvages ne Cessoint de nous Representer qu’ils ne pouvoint plus Rester, quil etoit temps quils se Rendissent pour faire subsister Leur familles, Ce qui nous mettoint dans Le Cas de rester avec Les Cinquante Soldats de nôtre Detachement, et les Soixante ou quatre vingt Sauvages que J’avois ordre de garder, et par Conséquent hors d’Etat de Rien entreprendre.

Je suppose meme que le Vaisseau march’d fut arrivé Lorsque nous etions Encore au Camp et que Les Sauvages fussent resté avec nous, Letout Rassemblé nous n’eussions tout au plus fait que quatre Cent hommes, avec Lequel Nombre, Je ne croyais pouvoir Reduire vne garnison de cinq cent hommes dans Un fort en très Bon etat et tres bien avituaillé, Je n’aurois pas crû quil me fut Convenu de compromettre a vn tel point Les armes du Roy, Je me serois meme trouvé hors d’etat de faire subsister les troupes ; Sans les Concidérations susdittes J’aurois attendu au port Royal La Reponse des depeches de Monsieur Duvivier, nous sommes resté trois jours au Port Royal, pour donner le temps a monsieur Duvivier d’arranger les affaires du Roy pour la depence de sa mission, aubout duquel temps, nous partîmes du Port royal, pour nous Rendre aux mines, nous Eumes Fort a souffrir dans la Routte n’ayant pas trouvé au port royal des vivres pour nous Conduire.

Nous sommes arrivés aux mines le dix du meme mois, Je fis assembler les cinq curés ou missionnaires avec lesquels je Conféré, en presence de M. Duvivier et les Principaux habitans auxquels Je Communiquay Les bonnes Intentions dans Lesquelles Monsieur Duquesnel etoit pour Eux. Ils m’ont a Ce sujet Presenté La Requette que Monseigneur trouvera cy Incluze, Ce qui me fit prendre Leparty de m’en aller a Beaubassin qui est a egalle distance du Port royal, Je m’y rendis le dix neuf. L’expres que monsieur Duvivier avoit Envoyé a Louisbourg arriva qui me Remit des Lettres de messieurs Duchambon et Bigot, par Lesquelles Ils me mandoint que les Vaisseaux du Roy partiroint du Vingt au Vingt Cinq d’octobre pour se rendre au Port royal, monsieur Duvivier voyant Comme mov L’impossibilité de La Reussite dans une Saison aussi avancée, Et ayant Sans doutte fait Reflexion, mais trop tard, sur ce que nos magazins etoint mal provisiones de vivres, me proposa de partir pour Louisbourg, pour empecher le depart des Vaisseaux, il apprit au Port toulouze que monsr. de bonnaventure etoit party dans un Vaisseau marchand avec Cinquante soldats, et un Brigantin Corsaire ; sur ce que ces Messieurs m’avoint mandé, J’Ecrivis a tous Les missionnaires et envoyai ordre aux Sauvages de me Venir Joindre et J’envoyai en different Temps des Exprés au port Royal Pour m’informer sy les Vaisseaux etoint arrivés Comme Je Croyais fort difficulteur dans une Saison aussy advancée de gagner le port Royal, Je ne pris point le party de m’y rendre que je ne Feusse assuré de L’arrivée des Vaux, j’appris au bout de quinze Jours que Ce n’étoint plus Les Vaisseaux du Roy, mais monsieur de Bonnaventure qui etoit Reparti pour Louisbourg aubout de quatre Jours, il avoit Sans doutte Jugé Comme moy, quil n’étoit pas praticable de faire Cette Entreprise dans une saison aussi advancée et il avoit appris que le fort etoit en très bon état, suivant le Compte quil en a Rendu a Son Retour. J’ay Receu