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CHAPITRE SEIZIÈME



Meurtre d’Edouard Howe. — Ce qu’en dit Parkman. — Il en accuse Le Loutre. — Partialité et ruse de l’historien américain. — Les Mémoires sur le Canada. — Piebon. — Ce qu’était ce personnage.


La Déclaration de Cornwallis avait fait revivre, chez les Français, l’espoir de regagner la sympathie des Acadiens, laquelle avait été très ébranlée par les événements de la dernière guerre. De la Galissonnière, le nouveau gouverneur-général du Canada, espérait qu’il serait maintenant facile de décider ceux-ci à émigrer[1]. Il avait besoin, pour cela, d’un homme actif, déterminé, connu des Acadiens, et pouvant exercer sur eux de l’influence. Il ne fut pas lent à comprendre le parti qu’il pouvait tirer de cet abbé Le Loutre, qui déjà avait pris l’initiative d’un mouvement en ce sens. Depuis lors jusqu’à la chute de Beauséjour, quatre

  1. En 1747, M. de la Jonquière avait été nommé gouv.-général du Canada, pour succéder à M. de Beauharnois. Fait prisonnier par les Anglais, il fut remplacé par intérim par Michel Garrin, comte de la Galissionnière, qui arriva à Québec, à bord du Northumberland, le 19 septembre 1747. Le 24 septembre 1749, la Galissonnière s’embarqua, à Québec, sur le Léopard, pour retourner en France, où il était appelé pour faire partie de la commission des frontières d’Acadie. Dans ce même automne de 1749, de la Jonquière, remis en liberté un an auparavant, put venir prendre possession de son gouvernement. On se souvient que Halifax fut fondé en juin 1749. Si tant est que Le Loutre se soit fait l’instrument de la Galissonnière, ce ne put donc être que de 1747 à 1749, où s’est terminé le règne de ce gouverneur, l’un des plus remarquables que le Canada ait eus. Que l’homme d’État ait reconnu les mérites et apprécié l’intelligence du prêtre, que le prêtre ait compris les idées généreuses de l’Homme