Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/162

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fugiés ne pouvaient manquer de tomber tôt ou tard dans la misère et de nous accuser d’être la cause de leurs malheurs… La cour a cru nécessaire de faciliter leur départ de leurs terres, mais cela n’est pas du ressort de notre profession. C’était mon opinion que nous ne devions rien dire, soit pour nous opposer au projet en question, soit pour y engager. Je vous ai rappelé, il y a déjà longtemps, qu’un prêtre ne doit pas se mêler aux affaires temporelles, et que s’il le faisait, il se créerait toujours des ennemis et occasionnerait le peuple à être mécontent.

Avez-vous droit de refuser les sacrements (à ceux qui veulent retourner sur leurs terres,) de les menacer d’être privés des services d’un prêtre, et que les Sauvages les traiteront comme des ennemis ? Je leur souhaite consciencieusement d’abandonner les terres qu’ils possèdent sous le gouvernement anglais ; mais est-il bien prouvé qu’ils ne peuvent en conscience y retourner secluso perversionis periculo[1]


    dite par les documents ; malheureuse, puisqu’elle émane d’un historien qui avait pourtant de bonnes raisons de ne pas accabler une nation de laquelle il descendait. — L’édition anglaise d’Acadie, p. 299, contient ici un passage qui n’a pas son correspondant dans le MS. original — fol. 366. Est-ce une addition faite par le traducteur ? Est-ce l’auteur qui l’a mis sur la version anglaise ? En tout cas, le voici : « and here, as Parkman, in quoting Pichon, states facts of a public nature, which could not be altogether unknown to the Halifax authorities, and which are partly sustained by, or in line with De La Jonquière’s letter, I woudl find no fault, provided he had given out the name of his authority, objectionable though it be. »

  1. Des recherches faites dans les archives de l’Archevêché de Québec n’ont pas abouti à y retrouver l’original de cette lettre-ci, dont on a tant abusé contre Le Loutre. Elle est assez sévère, en effet, mais l’Évêque d’alors, Mgr de Pontbriand ne s’était-il pas involontairement laissé influencer contre ce missionnaire par les énormités que Cornwallis lui avait écrites à son sujet, et aussi par des calomnies émanées de Français même ? Le même Évêque, en nommant Le Loutre Grand-Vicaire, en 1754, a corrigé par de grands éloges ce que sa pre-