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seul de ses documents officiels que ne fût pas une fourberie nouvelle[1].

Vraiment, les Acadiens étaient un peuple soumis et paisible, ou nous avons perdu les notions élémentaires du bon sens. « La suavité et la douceur de la domination britannique, » dont Parkman nous entretient[2], peut s’appliquer avec assez de raison au gouvernement de la Métropole, mais non certes à celui de la province. Placés dans les mêmes conjonctures, les colons de la Nouvelle Angleterre eussent depuis longtemps arboré l’étendard de la révolte et brisé les obstacles, comme ils le firent effectivement quelques années plus tard, pour détruire des abus moins criants et affirmer des droits moins importants, pour une question de timbres et de thé, lorsque ni leur langue, ni leur religion, ni leurs sentiments, ni leurs terres n’étaient menacés. Parce que les Acadiens n’ont pas eu recours à ces moyens, parce qu’ils ont été trop soumis, on les a déportés, on les a traqués comme des fauves, tandis que l’on élevait des statues à ceux qui avaient été rebelles ; et, pour comble de malheur, ils ont aujourd’hui l’humiliation de recevoir le coup de pied de

  1. Ce dernier par. n’est pas dans l’original. À cet endroit, le MS. — fol. 429 — porte, écrite au crayon, la note : voir traduction. Et dans le texte, il y a les mots suivants, écrits au crayon violet, entre les lignes : « Serait-il donc impossible de mettre la main sur un document qui ne fût pas une fourberie nouvelle ? »
  2. Le MS. — fol. 430 — porte, entre guillemets : « The lenity and the sweet of the english rule. » Ces mots ne sont peut-être pas littéralement de Parkman ; mais il y a çà et là, dans les ouvrages de ce dernier, quelque chose d’approchant : « The english rule had been of the lightest, so light that it could hardly be felt. » (A Half-Century of Conflict, vol. ii, ch. xxii. Acadian Conflicts. P. 174.) Cf. quoque Montcalm and Wolfe. Vol. i, ch. viii. Removal of the Acadians : « they were told (c’est le suave Lawrence qui s’adresse aux Acadiens)… that they had always been treated by the government with the greatest levity and tenderness… ». P. 271.