Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/289

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au déshonneur[1]. Non satisfait d’agir mai, il conviait ses amis à la curée. C’est ainsi qu’il écrivait à de Vergor, commandant à Beauséjour :

« Profitez, mon cher Vergor, profitez de votre place ; taillez, rognez, vous avez tout pouvoir, afin que vous puissiez bientôt me venir joindre en France, et acheter un bien à portée de moi[2]. »

Comme on peut le penser, cette invitation au pillage ne pouvait manquer de trouver un écho dans cette âme basse ;

  1. « François Bigot appartenait à une famille de robe ; son père et son grand père avaient occupé des positions importantes au parlement de Bordeaux. Entré de bonne heure dans l’administration, il remplit les fonctions de commissaire ordonnateur à Louisbourg, de 1739 à 1745, de manière à provoquer des accusations sérieuses. En 1746, il fut nommé intendant de la flotte lors de l’expédition funeste du duc d’Anville. Et depuis 1748, il était intendant de la Nouvelle-France. Faire fortune le plus promptement possible, tel fut son grand objectif. Avide de plaisirs, joueur et dissolu, fastueux dans ses goûts et poussant l’amour du luxe jusqu’au plus incroyable excès, il lui fallait faire vite beaucoup d’argent pour goûter et épuiser tous les plaisirs de la vie. Avec cela intelligent, actif, travailleur au besoin, plein de ressources et d’adresse, il savait tourner les obstacles, et rendait de réels services dans les moments difficiles. » (Chapais. Montcalm, ch. X, p. 336.)
  2. Richard n’indique pas d’où provient cette citation. Elle se trouve dans Ferland (tome II, ch. 35e, p. 511,) et non plus sans indication de source. Parkman est plus précis. Voici ce que nous trouvons à ce sujet dans Montcalm et Wolfe, vol. I, ch. VIII. Removal of the Acadians, p. 251 :

    « Bigot, sailing for Europe in the summer of 1754, wrote thus to his confederate :

    « Profit by your place, my dear Vergor ; clip and cut, — you are free to do what you please — so that you can corne soon to join me in France and buy an estate near me. » — Et une note au bas de la page porte que cela est tiré de Mémoires sur le Canada, 1749-1760. This letter is also mentioned in another contemporary document. Mémoire sur les fraudes commises dans la colonie. — Ferland (loc. cit.) dit que « de Vergor était un officier de peu de capacité ; mais il était fils du sieur Duchambon, ancien commandant de Louisbourg, qui avait été l’ami et l’un des protecteurs de Bigot, et dont la famille était restée dans la pauvreté. »