Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/353

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dérés comme sujets britanniques et traités comme rebelles, s’ils étaient pris les armes à la main ?

Nous ne voyons, dans la dite Requête des Acadiens, qu’une seule phrase, laquelle, interprétée avec malveillance, pouvait porter ombrage à un despote ; mais cette phrase a-t-elle été traduite fidèlement ? Nous l’ignorons[1]. À tout événement, il fallait tenir compte de la provocation dont ils avaient été l’objet par la confiscation clandestine de leurs armes ; d’ailleurs, la seconde Requête, protestant des bonnes intentions de la première, devait suffire pour convaincre Lawrence de leur sincérité et de leurs excellentes dispositions. Murdoch a dit de cette Requête et de toutes celles qui suivirent : « Les divers mémoires présentés par les habitants français sont longs et motivés, et rédigés en termes respectueux[2]. »

Sur le refus des députés de prêter immédiatement le serment, le conseil décida que des instructions seraient adressées au capitaine Murray, pour enjoindre aux Acadiens de nommer de nouveaux délégués ; qu’à défaut de prêter le serment, il serait pris des mesures pour chasser hors de la Province ces Papistes récalcitrants. L’on fit alors entrer les députés pour les informer de cette résolution. Devant cette alternative, vague encore, mais grosse de menaces, les députés s’offrent à prêter le serment. « Il est trop tard, leur répond Lawrence ; votre consentement n’est que l’effet de la crainte ; il ne procède pas d’un sincère attachement à Sa Majesté ; vous admettre à le prêter serait contraire à un

  1. En marge du MS. original — fol. 520 — il y a ces mots tracés au crayon : « quelle est cette phrase ? » L’auteur ne l’a pas indiquée, et nous ne nous y risquerons pas non plus.
  2. Vol. II, ch. XX. P. 286.