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« Les deux dits amiraux approuvèrent les dites procédures, et furent d’opinion que c’était maintenant le temps le plus favorable pour obliger les dits habitants à prêter le serment d’allégeance ou à quitter le pays[1]. »

Le tour était joué. Ceci se passait le 15 juillet 1755.


Le lecteur est prié de se souvenir que nous nous trouvons ici en présence d’un homme consommé en roueries, d’un apprenti-peintre en bâtiments[2], qui, à force de ruses, a pu s’élever en peu d’années à une très haute position. La supériorité de son intelligence ne pourrait seule expliquer facilement ses succès[3]. Il serait d’une grande naïveté de croire que les événements que nous venons de raconter aient surgi à l’improviste, et que Lawrence y faisait face au jour la journée. Ses lettres aux Lords du Commerce, l’enlèvement des armes, son indignation simulée, ses griefs imaginaires, ses consultations avec Boscawen, n’étaient que la mise en scène du drame qu’il préparait, qu’autant de moyens tendant vers un même but. Heureusement que, pour nous éclairer sur ses intentions, nous possédons aujourd’hui un document disparu il y a longtemps des Archives, et retrouvé et

  1. Akins, P. 258.
  2. Nous avons déjà dit ce qu’il faut penser de cette affirmation qui semble ne reposer sur rien.
  3. Dans le MS. original — fol. 529 — le ne de cette phrase est barré, et un trait au crayon renvoie à la marge où se lit cette note qui est de l’écriture du traducteur : « Ce ne détruit l’à-propos de cette phrase : car toute la suite montre l’habileté de Lawrence. »

    Nous ne sommes pas du tout de cet avis ; ce ne est ici essentiel à la compréhension du contexte. La pensée de Richard est que Lawrence doit ses sinistres succès à sa rouerie et au jeu des circonstances au moins autant qu’à son intelligence.