Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/380

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rations en cette affaire, aussitôt que nous pourrons rédiger les minutes du conseil[1]… »

Il n’y a pas, dans cette lettre, un seul mot concernant l’objet de cette requête soi-disant insolente, pas un mot au sujet de l’enlèvement des armes, de la confiscation des bateaux, de l’ordre de livrer les armes et de leur livraison immédiate, de l’arrestation des prêtres, des Archives ravies, — tous points qui importaient cependant pour permettre aux Lords de juger de la situation.

On le voit encore ici : tout l’effort de Lawrence porte dans le même sens : masquer ses actes et ses intentions. Ce qui le prouve, ce n’est pas un fait isolé, perdu au milieu d’une foule de détails divers, sans attaches avec le passé, sans lien avec l’avenir, mais une succession de faits ininterrompus, qui ne s’expliquent que par là, et qui tous tendent au même but. Il était évidemment du devoir de ce gouverneur d’informer les Lords du Commerce de tous ces faits graves ; il était également de son devoir de les consigner dans les Archives. Mais chez lui le devoir a plié devant des fins iniques. Dans l’espèce, Lawrence savait fort bien qu’à moins d’avoir des faits palpables de rébellion à citer, il lui serait difficile, sinon impossible, de convaincre les Lords qu’il y eût danger de la part des Acadiens. Les Lords avaient, pour se guider, une expérience longue de quarante-cinq années ; ils savaient, par des lettres de Mascarène, que, dans des circonstances excep-

  1. C’est tout ce qu’il y a de cette lettre dans Akins. Une série de points de suspension indique qu’elle n’est pas intégralement reproduite. Et par exemple, un détail qui n’y est pas, et que donne l’analyse de ce document dans les Can. Arch. loc. cit., c’est que Lawrence fait part aux Lords des résultats de sa conférence avec Boscawen et Mostyn au sujet des mesures à prendre pour la défense de la Province. (Cette « conférence » s’était tenue dans la séance du conseil, le 15 juillet.)