Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/382

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ni armes pour attaquer ou se défendre ; puisque ceux de leurs frères qui habitaient chez les Français, ont, pour la plupart, refusé de prendre les armes contre nous, et que ceux qui s’armèrent n’agirent ainsi que sous menace de mort ; puisque les Français ont été repoussés et chassés de leurs positions sur toute la côte, et qu’il est maintenant impossible aux Acadiens d’entretenir des relations avec eux, qu’avez-vous à craindre ?

Et pourquoi, dans sa lettre, Lawrence disait-il avoir déclaré aux députés acadiens qu’il les enverrait en France, lorsque, bien longtemps avant, ainsi que nous l’avons vu, il avait décidé de déporter, non-seulement les quelques députés qu’il avait emprisonnés, mais toute la population ; et de les déporter, non pas au Canada ni en France, mais en des endroits qu’il fallait bien se garder de leur faire connaître. Et, même pour ce qui était de ces députés, il voilait perfidement sa pensée à leur égard en disant vaguement : « … ils ont depuis manifesté le désir de prêter le serment, mais n’y ont pas été admis, et aucune réponse ne leur sera donnée avant que nous ne nous soyons rendu compte des dispositions de tout le reste des habitants. »

Un peu plus loin cependant, en terminant sa lettre, comme s’il se fût ravisé, comme s’il avait eu la lointaine vision de la disgrâce qu’il pourrait encourir, s’il ne se mettait un peu plus à l’abri de l’imputation d’avoir à dessein caché ses projets, il ajoute : « Je suis déterminé à amener les habitants à l’obéissance ou à purger la province de sujets aussi perfides. »

La semaine suivante, le 25 juillet, cent nouveaux délégués de toutes les parties de la province se trouvaient réunis à Halifax, en conformité avec les ordres de Lawrence. Ceux-ci auraient-ils le même sort que les quinze qu’il avait fait