Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/70

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sin, songèrent à s’y installer eux-mêmes en permanence. Profitant de l’étrange Proclamation de Cornwallis aux Acadiens, ils y virent une occasion de tâcher d’attirer ceux-ci à leur cause. Le Gouverneur du Canada, M. de la Jonquière, envoya le chevalier de la Corne, avec des renforts, dans le dessein d’occuper solidement tout l’isthme, de Beaubassin à la Baie Verte[1].

Durant cet automne de 1749, les Anglais étaient trop absorbés par les soins de leur propre établissement à Halifax, pour s’opposer efficacement aux manœuvres de leurs ennemis. Et ces derniers, voyant dans quelle alarme la Proclamation de Cornwallis avait jeté les Acadiens, mirent tout en œuvre pour induire ceux-ci à prendre avantage de l’alternative qu’elle leur laissait et pour provoquer leur émigration en masse. Les Français avaient à se hâter, car les Anglais ne manqueraient pas, l’année suivante, de se mettre en état de frustrer leurs desseins. En attendant, pour entraver leurs efforts, Comwallis installa une petite garnison à Grand-Pré, sous les ordres du capitaine Handfield. À l’instigation des Français sans doute, trois cents sauvages vinrent, en novembre 1749, bloquer cette garnison, dans le but de permettre aux Acadiens de sortir du pays sans être molestés par les troupes anglaises. Vaine précaution. Aucun

  1. Nous recommandons de lire, pour toute cette question des frontières de l’Acadie, en particulier Garneau, liv. VIII, ch. III, Commission des Frontières. (Tome II, p. 184 et seq. de la seconde édition, Québec, Lovell, 1852). Aussi, New France and New England, by John Fiske, ch. VII. Norridgewoch and Louisbourg. (Boston, 1904). — M. de la Jonquière était né en Languedoc, en 1686. En août 1749, remplaça M. de la Galissonnière comme Gouverneur Général du Canada. Il avait combattu en Espagne dans la guerre de la Succession : il avait aussi accompagné Duguay-Trouin à Rio-Janeiro, et pris part au combat de l’amiral de Court contre l’amiral Matthews, en 1744. Il mourut à Québec le 17 mai 1752, à l’âge de 67 ans, et fut enterré dans l’église des Récollets.