Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/93

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cun de ces prêtres ne fut jamais, que nous sachions, missionnaire chez les Acadiens de la péninsule[1]

Maillard, jusqu’à la dispersion, n’exerça son ministère que dans l’Île de Cap Breton, laquelle appartenait à la France ; Germain fut missionnaire chez les sauvages Malécites, dans le haut de la Rivière Saint-Jean ; Le Guerne, chez les Sauvages de la Côte Nord de la Baie de Fundy ; il desservait en même temps les quelques Acadiens disséminés le long de ces côtes. Le Loutre, il est vrai, fut longtemps missionnaire chez les Micmacs de la rivière Shubénacadie, en Acadie ; mais il ne fit jamais rien alors pour troubler la paix. Lorsqu’il se décida à adopter une autre ligne de conduite, il se retira avec ses sauvages à la Baie Verte, en territoire français. Tous ces missionnaires se trouvaient,

  1. « En dehors de la Nouvelle-Écosse, à Chignectou, sur le territoire français, s’élevait une paroisse de 2,000 âmes, dont la population vivait dispersée sur les rivières de Memramcook, de Peticoudiac et des environs, autour du fort Beauséjour. M. le Guerne desservait seul cette immense paroisse. Toujours sur le même territoire, deux missionnaires s’occupaient principalement des missions micmaques : l’abbé Le Loutre, qui dirigeait celle de Shubenacadie, sur la rivière du même nom, et demeurait plus ordinairement à Beauséjour ; et l’abbé Maillard, prêtre des Missions Étrangères, qui desservait Malpec, dans l’île Saint-Jean, Natkitgouèche, sur la côte de l’Acadie, et Maligouèche, lieu de sa résidence, Cap Breton. Enfin, à Medockeck, sur la rivière Saint-Jean, au nord de la baie de Fundy, habitait le P. Charles Germain. » (Cf. Les Jésuites et la Nouvelle-France au 18e siècle, par le P. Camille de Rochemonteix. Tome II, ch. VII, p. 99. Paris, Picard, 1906).

    Le P. Germain, Luxembourgeois, né le 1er mai 1707, entra au nov. des Jésuites de Tournai le 14 sept. 1728, partit pour Québec en 1739, en 1740, remplaça le P. Danielou auprès des Acadiens de la rivière Saint-Jean, mourût à Saint-Prançois-du-Lac, le 5 août 1779.

    « Il est essentiel de saisir la différence qu’il y avait entre la situation des missionnaires attachés aux sauvages et celle des curés de l’Acadie française : ceux-ci suivaient le sort de leurs paroissiens devenus sujets anglais, ceux-là prenaient le mot d’ordre à Louisbourg ou à Québec dont ils dépendaient. » Casgrain, Les Sulpiciens, etc., p. 367.