Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/235

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« …Vous ne vous êtes pas trompé ; en effet, voilà plus de vingt ans que je recueille, ici et là, tout ce qui pouvait regarder les familles acadiennes et leur établissement dans le district des Trois-Rivières. J’ai fait un relevé de tous les registres des paroisses de St-Grégoire, Nicolet, Bécancour, etc., etc. ; j’ai consulté les souvenirs des vieillards ; j’ai fait un voyage en Acadie ; j’ai pris copie, à Halifax, des vieux registres de Port-Royal, et aujourd’hui je possède toutes les données nécessaires pour recomposer en grande partie la généalogie des familles de ce district. Je savais vaguement, par les récits du foyer, que la dislocation des familles avait été grande, mais j’étais loin de me douter qu’elle l’avait été à ce point. L’arrivée des premiers réfugiés date

    leur est faite d’y aller demeurer, voilà ce qui forme aujourd’huy l’objet de leurs vœux, ils ont tout lieu d’attendre qu’ils seront exaucés.

    Un autre motif leur fait désirer d’être transportés à Boston les Anglois 8’étant rendus les maîtres de l’Accadie, tous les Accadiens furent dispersés et exposés à la fureur de l’ennemi de la France, ceux à qui la foiblesse de l’âge ne permît pas de s’y dérober restèrent aux mains de leurs vainqueurs et par eux emmenés à Boston où ils ont été élevés et instruits suivant les rites de la secte angloise.

    Quel sujet éternel de reconnoissance pour les supliants de se voir rendus à leurs enfants, réunis à leurs neveux ? les familles incertaines de leur sort béniroient à jamais la main bienfaisante qui leur auroit procuré cet avantage : la fermeté et l’attachement dont ils ont toujours donné des marques pour leur religion, le libre exercice qu’ils en feroient sous les yeux de leurs alliés, de leurs descendants et de leurs compatriotes, rappelleroient ceux-cy du sein de l’erreur, et les détermineroient infailliblement à l’abandonner pour embrasser et suivre la foy de leur ayeux.

    Protégés donc. Monseigneur, les pauvres et malheureux Acadiens appuyés s’il vous plaît de votre protection et de vos bons offices leur juste réclamation et ils redoubleront leurs vœux pour la précieuse conservation de Votre Grandeur.

    Présenté par les Députés des Accadiens

    du Département de Saint-Malo ce 19 Février 1784.

    Cf. Arch. Can. Gen. etc. P. 227-8.