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Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/267

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faire les dépenses qu’il jugerait raisonnables, pour assister les Français neutres présents dans cette province[1]. »

Après bien des pourparlers et des hésitations, le débarquement fut enfin autorisé. Beaucoup de ces malheureux étaient à bord des bateaux depuis près de trois mois ; l’on conçoit sans peine que cet entassement à fond de cale, dans des navires surchargés, joint aux fatigues de la mer, au chagrin, à une nourriture grossière et insuffisante, dût affecter la santé de ces gens et contribuer à l’effrayante mortalité dont nous venons de parler. Pendant les deux premiers mois qui suivirent leur débarquement, ils reçurent, tant de la Législature que de la charité privée, tous les secours que requérait leur situation. Dans la requête qu’ils présentèrent à l’assemblée, par l’entremise de Jean-Baptiste Galerne, en février 1756, nous lisons ceci : « Nous devons bénir Dieu que le sort ait permis que nous fussions envoyés en Pensylvanie, où nous avons été secourus dans nos besoins, et où nous avons été traités, de toute manière, avec bienveillance et charité chrétienne[2]. »

Mais il ne devait pas en être longtemps ainsi. La charité se lasse vite d’une assistance prolongée. Les Acadiens demandaient soit à être rendus à la liberté, afin de rejoindre, en tel ou tel lieu, leurs compatriotes ; soit à être transportés à quelque endroit que ce fût, en France ou dans une colonie

  1. Le MS. orig. fol. 756-7 donne ce texte en anglais, (d’après Smith.) Richard a mis entre parenthèses : « trad. fr. dans Casgrain, p. 171. »
  2. Le texte anglais de cette Requête est aux appendices. Casgrain, ch. VIII du Pèlerinage… l’a traduite en entier. Les mots que nous venons d’en extraire sont dans le corps de la Requête. Le MS. original — fol. 757 — commet donc une erreur quand il dit, pour introduire sa citation : « Leur première requête à la Législature se termine ainsi. »