Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/337

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leur soumission au colonel Frye. Les motifs que l’on avait d’en agir ainsi avec ces malheureux sont assez évidents pour que le lecteur les ait déjà saisis : ils jaillissent tout naturellement des faits, en sorte qu’il ne serait pas nécessaire d’en chercher la confirmation dans les documents officiels, au cas où ceux-ci existeraient d’ailleurs[1]. Nous l’avons dit, il ne pouvait y avoir au fond de tout cela qu’une raison d’intérêt.

Il ne faut pas chercher longtemps pour la trouver, et il ne peut y en avoir d’autre. N’avons-nous pas dit déjà que les Conseillers de Lawrence s’étaient voté chacun 20,000 acres des terres des Acadiens ! Ne sait-on pas que, subséquemment, soit pour apaiser les appétits des gens influents qui les jalousaient, soit pour les forcer à endosser leur conduite, on livra à tous ceux qui comptaient pour quelque chose dans la Province tout ce qui restait de ces terres ! Ne sait-on pas que subséquemment encore, pour s’assurer, le cas échéant, de puissants appuis auprès du Gouvernement de la Métropole et l’impunité, on livra le domaine public au pillage, en faveur des plus hauts personnages de l’armée, des Lords, des Généraux, Lord Egremont, Lord Colville, le Dr  Franklin, (un peu plus tard maître-général des Postes en Angleterre), les généraux Bouquet et Haldimand, Sir Robert Wilmot, Lady Wilmot et bien d’autres encore ?

Tout ceci n’était pas encore accompli à l’époque qui nous occupe. Mais le pillage commençait et allait se poursuivre avec une ardeur de plus en plus intense. Ces octrois ne

  1. Vis-à-vis de ce passage, le MS. original — fol. 832 — porte à la marge ces deux mots au crayon : « trop long ».