Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/347

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laquelle il demande qu’il lui soit permis d’employer les Acadiens à travailler pour les nouveaux colons. C’était en quelque sorte se réfuter lui-même : la demande étant faite à la propre sollicitation des colons, ceux-ci ne voyaient donc pas dans les Acadiens des êtres dangereux ; Belcher non plus, du reste, autrement il n’eût pas transmis pareil vœu :


Halifax, 18 juin 1761.


« Monsieur… À la suite de représentations qui m’ont été faites par les nouvelles colonies de la province, il semble urgent que les habitants reçoivent de l’aide de la part des Acadiens pour réparer les aboiteaux qui protègent et préservent les terres basses, d’autant plus que de ce travail, dans lequel excellent les Acadiens, dépend la subsistance d’un grand nombre des colons… »

« Cette grave raison, jointe à la considération des grands services rendus à la colonie par les Acadiens, grâce à l’intervention de feu le gouverneur l’an dernier, me force à revenir à la charge et à insister dans ma demande : Je prévois peu de difficulté à cet égard, vu que le secrétaire des choses militaires m’a assuré, il y a quelque temps déjà, que les Acadiens devaient se tenir prêts à recevoir mes ordres à une demi-heure d’avis[1]. »

Ainsi donc, c’était sur leurs propres terres qu’on faisait travailler les Acadiens, et cela, pour aider ceux qu’on avait mis à leur place, ceux qui profitaient du labeur d’un siècle. Et ces Acadiens, ces hommes si dangereux, se soumettaient à cette imposition cruelle qui déchirait leur âme, et cela à

  1. N. S. D. p. 319-20.