Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/359

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ils ne faisaient pas souffrir pour le plaisir de voir souffrir. Non ! Mais l’homme perd vite les bons sentiments de sa nature, quand il est aveuglé par les préjugés, et, surtout, quand il sert un maître sans principes et assez habile pour l’associer, à ses spéculations honteuses. Souvent alors l’homme descend au niveau de la bête ; il oublie toute autre considération que celle de la satisfaction de ses appétits grossiers. Les liens qu’il brise, les lamies qu’il fait verser, les gémissements qu’il entend, les souffrances de toute nature qu’il provoque, tout cela n’est rien ; il n’a rien vu, il n’a rien ressenti, tout son esprit est dominé par l’absorbante pensée de l’appât qu’il convoite.

Toute la question est là, et c’est cela seul qui la rend explicable. Cette lugubre histoire, ce chapitre perdu, a sa source dans des intérêts privés, et là seulement ; l’intérêt public y fut étranger du commencement à la fin, et, si les Acadiens, à une certaine époque, ont molesté les troupes Anglaises, ce ne fut qu’après la première déportation et avant la prise de Québec, alors qu’ils étaient pourchassés comme des fauves, et qu’ils avaient vingt fois raison de se venger des souffrances cruelles et injustes auxquelles on les avait assujettis. Pour nous, et s’il en était autrement nous serions victime d’une étrange illusion, nous ne pourrions nous défendre de croire singulièrement en défaut la perspicacité de celui qui, après mûre considération, en arriverait à d’autres conclusions.

L’autre incident de l’administration est le suivant, et nous y référons d’autant plus de plaisir qu’il est le seul de cette nature que nous trouvions.

    demandes, même celle d’enlever leur récoltes, ne leur aient été refusées. Quelle inhumanité ! »