Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/368

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de l’espoir de jamais revenir, ils se contenteraient de Inexistence qui leur serait faite[1]. »

Dans sa réponse du 9 juin 1764, Lord Halifax réitère son désir de voir les Acadiens s’établir dans la Nouvelle-Écosse, « en tel lieu qu’il pourra leur plaire, en tenant compte toutefois de la paix et de la sécurité publique ».

Les bonnes intentions des Lords du Commerce devaient être à nouveau frustrées par Wilmot. Pour atteindre son but, il proposa aux Acadiens un serment qui était une injure à leur religion ; et il leur offrit, pour s’y établir, des terres arides, disséminées çà et là dans l’intérieur de la Province. À tel endroit il ne permettait que l’établissement de 10 familles, à tel autre, ce nombre pouvait aller jusqu’à 15, et ces endroits étaient de plus fort éloignés les uns des autres. C’était leur faire une situation de parias, préparer les voies à leur complet anéantissement ; c’était de plus fausser les recommandations de Lord Halifax qui désirait les laisser s’établir « en telle partie de votre Gouvernement qui pourrait leur agréer. » De cette manière ils ne pourraient avoir de prêtres pour leurs besoins spirituels, ils perdraient leur langue, leurs coutumes, leur religion peut-être. L’offre était inacceptable pour d’autres raisons encore. Pouvaient-ils, dénués de tout, s’enfoncer dans la forêt et recommencer la vie, là où ils n’auraient aucune autre ressource pour les aider à se mettre en état de se suffire à eux-mêmes ? Le voisinage de la mer eut été cette ressource.

Dans ces conditions, leur départ devenait une nécessité ; ils le comprirent enfin, et le mouvement dans ce sens fut irrésistible. Cent cinquante d’entre eux, fixés près de Canso,

  1. N. S. D. P. 343 et seq.