Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/390

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tion ; la plupart d’entre eux comptant des amis disséminés en divers endroits d’Amérique, et cela par ordre de Sa Majesté[1]. » Cependant la situation pour ces Acadiens était loin d’être ce qu’elle avait été autrefois ; il n’y avait alors, tout au plus, aux États-Unis que 250 Acadiens en état de porter les armes ; les chances d’une rencontre sur les champs de bataille étaient fort improbables ; tandis qu’avant leur déportation, il ne pouvait y avoir, sans exception, que des parents et des compatriotes à combattre. Oh ! si chacun se pénétrait de cette grande maxime chrétienne : « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qui vous fut fait, » si chacun développait en lui la faculté de descendre dans les sentiments des autres avant d’agir, les notions élémentaires de l’équité ne seraient pas travesties et violées ! Que de crimes seraient évités !

Malgré qu’il eut été décidé que les Acadiens ne pourraient s’établir qu’à certains endroits désignés, dans l’intérieur des terres, et par petits groupes isolés, néanmoins, ces règlements ne furent pas mis en force avec rigueur. Chacun put s’établir à peu près à sa guise dans l’endroit qu’il jugea convenable, et, comme la pêche offrait des ressources immédiates qu’ils n’auraient pu trouver sur des terres de qualité inférieure, et à distance de la mer, le plus grand nombre se firent pêcheurs. Jusqu’à la déportation leur occupation exclusive avait été l’agriculture ; par la force des circonstances la pêche et la navigation allaient devenir définitivement leur principale ressource.

« Finalement, dit Brown[2] l’on permit aux débris de ce

  1. Ibid.
  2. C. F. Doc. in. Pièce LXXIV. Tome II. P. 86-7-8. — Ce passage de Brown est daté 28 sept. 1764.