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gistres à partir de 1773 jusqu’à 1859. On est à faire actuellement la transcription de ces registres pour le bureau des archives.

Un document daté de Paris en 1766, fait mention que les registres de la paroisse Saint-Pierre et Saint-Paul furent détruits par les Anglais. C’est une lettre de l’abbé de l’Isle Dieu dans laquelle il est question de deux jeunes Acadiens Joseph Mathurin Bourg et Jean Bte, natifs de la rivière aux Canards, qui possédaient leur extrait de baptême. Ceux-ci se préparaient à la prêtrise dans un petit séminaire du diocèse de Saint-Malo et furent ordonnés au Canada en 1772.

Il est vraisemblable que les extraits de baptême requis pour leur ordination furent tirés des registres de l’église Saint-Joseph, et que ces registres devaient être en France. Il est probable qu’ils y furent transportés par les Acadiens déportés à la Virginie, d’où ceux-ci furent ensuite envoyés en Angleterre et de là à Saint-Malo et à Morlaix. En 1772 et 1774, plusieurs de ces familles vinrent s’établir à la baie des Chaleurs et à Arichat.

Mgr  Tanguay dit dans l’un de ses ouvrages qu’il a trouvé les registres de l’église de la Grand-Prée à Paris, en 1867. Il est probable que Mgr  Tanguay s’est trompé et que les registres en question étaient ceux de l’église Saint-Joseph de la rivière aux Canards, car en dépit des recherches de M. Marmette et de M. Richard, ceux de la Grand-Prée n’ont pu être découverts.

Les registres des paroisses de L’Assomption et de la Sainte-Famille de Piziquid seront probablement trouvés un jour dans quelque ville de France, car je ne crois pas qu’ils aient été détruits à l’époque de l’expulsion. Ils seraient très utiles pour dresser la généalogie des familles de ce district, car sauf les recensements très incomplets de 1701, de 1703 et de 1714, parce que les noms des femmes et des enfants y ont été omis, je n’ai pas de données officielles à ma disposition.

De 1749 à 1755, plusieurs familles de ce district émigrèrent à l’île Saint-Jean, d’où elles furent transportées en France en 1758. Quelques-unes se fixèrent dans ce pays et les autres se transportèrent à la Louisiane vers 1748. Onze cents personnes de celles qui restèrent à Piziquid furent déportées comme prisonnières, savoir : 200 à la Virginie, sur le sloop Neptune ; 263 à Annapolis, Maryland, sur le sloop Ranger ; 230 au même endroit sur le sloop Dolphin ; 156 à Philadelphie, sur le sloop Three Friends ; 206 à Boston, sur le sloop Seaflower, et environ 50 furent embarquées à la Grand-Prée sur d’autres navires.

On lit dans la Maryland Gazette, Annapolis, 4 décembre 1755 :

« Dimanche dernier (30 nov.) est arrivé le dernier transport de la Nouvelle-Écosse, chargé de déporter des Français neutres dans cette province ; c’est le quatrième depuis quinze jours et le chiffre des déportés dépasse 900. Pour des motifs politiques ces malheureux ont été dépouillés des biens qu’ils possédaient à la Nouvelle-Écosse et envoyés ici dans le plus grand dénuement : aussi l’humanité et la charité chrétienne font-elles à chacun de nous un devoir de secourir selon nos moyens ces êtres dignes de compassion. »