Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/46

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« J’espère que les provinces n’auront pas d’objection à recevoir les déportés, ceux-ci pouvant avant peu devenir sujets utiles et productifs[1].

J’ai l’honneur etc, etc.
Charles Lawrence.

    Encore dans les Arch. Can. (doc. cit.) il est dit que le Connecticut est le seul endroit connu où des moyens furent pris pour recevoir les Acadiens chassés de la Nouvelle-Écosse. » Et cette considération est basée sur une mesure adoptée en octobre 1755 par la Législature du Connecticut. Cf. Colonial {{{2}}} of Connecticut, vol. 10, p. 245. — Un peu plus loin, au même endroit, nous lisons ceci : « Les gouvernements des autres provinces se sont plaints de n’avoir pas été prévenus du projet de Lawrence de leur expédier des contingents d’Acadiens, Cependant, les gouvernements pouvaient difficilement ne pas connaître le projet d’expulsion des Acadiens, car le fragment suivant d’une lettre, datée d’Halifax, 9 août 1755, publiée dans la New York Gazette, le 25 du même mois, et dans la Pennsylvania Gazette, le 4 septembre 1755, n’a pas dû échapper à leur connaissance.  » Le voici : « Nous formons actuellement le grand et noble projet de chasser de cette province les Français neutres etc, etc. » — (Voir ce fragment de lettre dans notre tome II, ch. XXIX, p. 412, note 27.) — Or, n’en déplaise à l’archiviste, — un Acadien pourtant ! — qui semble vouloir ici excuser Lawrence de n’avoir même pas pris la peine d’avertir les gouverneurs des provinces royales qu’il allait leur envoyer des cargaisons de déportés, nous ferons remarquer ceci : 1°) Où est la preuve que le dit fragment de lettre est tombé sous les yeux des gouverneurs en question. 2°) Et quand même ils en auraient eu connaissance, où est dans ce fragment de lettre l’indication que les Acadiens seront déportés en provinces anglaises et que celles-ci par conséquent peuvent se tenir prêtes à les recevoir. 3°) Ce fragment de lettre est vague : il y est question d’un « grand et noble projet » ; mais aucune précision n’est donnée quant à la date au moins approximative de son exécution ni quant à la destination réservée aux bannis. — Et donc, et c’est une conclusion nécessaire : en négligeant de préparer aux Acadiens un refuge, Lawrence, délibérément, méchamment, a ajouté au supplice de leur déportation celui de les exposer à être reçus comme des chiens sur des rivages inhospitaliers. Pour ces pauvres gens, la déportation ne fut que le premier degré d’un nouveau calvaire qu’ils n’ont cessé de gravir pendant de nombreuses années.

  1. Lawrence se donne ici un démenti qui en vaut la peine, mais qu’il n’a pas paru ou voulu voir. Si les Acadiens, ainsi qu’il s’exprime, may in a short time become useful and bénéficial subjects, dans les provinces anglaises où leur