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furent envoyés en Angleterre. Il se trouve des copies de ces duplicata au Bureau des Archives du Canada ; elles sont reproduites dans l’appendice F. Elles nous font connaître que ceux qui voulaient passer en France furent requis de préparer des listes des chefs de famille, contenant aussi le nombre d’enfants de chacune, et de les faire parvenir ensuite à une personne dont le nom est donné, laquelle devait les envoyer en France aux autorités. À part ceux du Massachusetts, je ne sais si les autres Acadiens dispersés dans les différentes provinces anglaises d’Amérique, profitèrent de cette occasion de sortir de leur captivité. Ceux du Massachusetts préparèrent leur liste et la présentèrent au gouverneur. Les sources de renseignements que nous possédons, ne nous apprennent pas pourquoi ces Acadiens ne passèrent pas en France, après en avoir si fortement exprimé le désir. Il est probable que le gouvernement de la métropole repoussa leur demande. Ces gens étaient si certains d’obtenir la permission de partir, qu’ils quittèrent les bourgs dans lesquels ils avaient été placés et se rassemblèrent en grand nombre à Boston, où ils causèrent des embarras aux autorités. Il semble que le gouverneur du Massachusetts, en prévision d’une réponse favorable de la part du gouvernement de la métropole, accorda la permission à plusieurs familles de noliser des navires et de se rendre à Saint-Pierre-Miquelon. Le recensement des Acadiens qui habitaient ces îles au mois de mai 1767, nous donne les noms de ceux qui s’y étaient rendus de Boston. Il y avait à cette époque, 103 familles acadiennes à St-Pierre-Miquelon formant une population de 551 âmes. C’est un recensement très important qui avec le nom du chef de famille indique aussi l’endroit d’où il est venu, soit de Boston, de Chédabouctou, de Piziquid, de la Pointe-à-Beauséjour, de l’île St-Jean, etc. ; il s’y trouve en outre les noms et les âges des parents et des enfants. Ce recensement est dans l’appendice G.

Le 13 octobre 1755, une flotte de dix transports chargés de 960 Acadiens prisonniers, partit de Chignictou pour le bassin des Mines, avec ordre de faire voile de cet endroit pour la Géorgie et la Caroline du Sud.

Durant le mois de décembre de la même année, deux vaisseaux de cette flotte arrivèrent à Savannah avec environ 400 Acadiens qui, d’après l’histoire de la Géorgie, par Stevens, « furent distribués dans la province par petits contingents, et entretenus jusqu’au printemps, aux frais de la population. Le gouverneur leur permit alors de se construire des bateaux et au mois de mars ils partirent presque tous pour la Caroline du Sud. Deux cents s’embarquèrent sur des bateaux avec l’espoir de réussir à atteindre leur Acadie bien aimée. »

Quelques-uns seulement arrivèrent à destination ; car soixante-dix-huit qui débarquèrent à Long Island (New-York), furent empêchés d’aller plus loin, comme nous l’apprend la lettre suivante du gouverneur Hardy adressée aux lords du Commerce.