Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/51

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troupes anglaises se disposèrent à prendre possession de cette partie de Chignecto, les Français convinrent qu’elle nous appartenait. Les habitants qui y étaient nombreux et vivaient en un beau pays fertile, brûlèrent toutes leurs maisons, et, avec leurs familles, se réfugièrent sur le territoire que les Français réclamaient, et là, de concert avec les habitants qui y existaient déjà, prêtèrent seraient d’allégeance au roi de France, et prirent les armes sous la direction de ses officiers. Tous ces gens, — auxquels vinrent s’ajouter plusieurs familles accourues comme des déserteuses de l’intérieur de la province, — et qui se montaient, d’après les meilleurs calculs basés sur des renseignements sûrs, à quatorze cents hommes en état de porter les armes, furent dès lors appelés communément par nous habitants français désertés : car, tout aussi bien que le reste des habitants, ils descendaient de ces français restés en Nouvelle-Écosse lors du traité d’Utrecht ; et ils avaient prêté le serment d’allégeance à Sa Majesté sous l’administration du général Phillipps, avec la réserve de ne pas porter les armes. Nonobstant cela, ils quittèrent leurs propriétés, et s’en allèrent de leur gré vivre de l’autre côté de la baie sous le gouvernement français, où ils n’avaient d’autres moyens de subsistance que des conserves salées que les magasins français leur distribuaient de la part du roi. Ce fut de ces habitants seuls que le colonel Monckton a eu à s’occuper, car il ne nous était pas facile de conjecturer à ce moment quelle attitude les habitants qui nous environnaient prendraient après la prise de Beauséjour, quand ils verraient qu’ils n’y avait plus pour eux d’aide à espérer du côté de la France. Mais quand nous nous fûmes rendu compte que les habitants français qui n’avaient pas déserté leurs terres entrete-