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lope[1]. « Dans les provinces du Sud, — dit Rameau, en son bel ouvrage Une colonie féodale en Amérique, auquel nous avons emprunté la plupart des considérations qui précèdent, — l’immigration, pour être moins excellente, n’en eut pas moins ses bons jours ; dans la Virginie et dans le Maryland, on vit des gentilshommes, des négociants, amener avec eux leurs tenanciers ou des familles choisies avec soin, pour les établir sur leurs fiefs et sous leur patronage. Cette immigration fut encore souvent fort bonne ; mais on ne saurait en dire autant du recrutement des engagés célibataires, qui dans ces colonies formèrent promptement la majorité des immigrants. Ce recrutement, qui s’opérait d’abord directement par les seigneurs pour le peuplement de leurs seigneuries, tomba bientôt dans le domaine commercial. Les capitaines de navires engageaient, moyennant une prime, des hommes qui consentaient à aller travailler dans les colonies, en aliénant d’avance leurs services pour un temps déterminé (de trois à cinq ans) ; en arrivant en Amérique, les capitaines se remboursaient de leurs primes et de leurs frais de transport en cédant aux colons leurs contrats d’engagement, avec un certain bénéfice. Tant que ce transport d’engagés fut très limité, il ne présenta que des inconvénients médiocres ; l’appât du gain étant minime, les capitaines n’enrôlaient guère que ceux qui se présentaient spontanément ; mais les profits étant devenus assez

  1. Les membres de la Compagnie de Virginie, en majorité des marchands de Londres et des spéculateurs, avec quelques hauts fonctionnaires, tenaient surtout à ce que l’affaire fut de bon rapport… La Virginie ne fut, selon l’expression des écrivains du temps, « ni une plantation religieuse, ni une plantation politique mais une plantation commerciale ». La plupart des ouvriers qui y furent amenés appartenaient à la classe des vagabonds et des indigents de Londres, des prisonniers pour dettes et des repris de justice. — Id. Ibid. p. 19.