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saurions entreprendre de justifier la conduite des Acadiens en cette occurrence. Le moment était d’ailleurs bien mal choisi pour se prévaloir d’une violation, quelle qu’elle fût. Et les circonstances dans lesquelles les griefs auraient été formulés feraient naître un doute sérieux sur leur légitimité.

Néanmoins, à défaut de renseignements précis sur la nature et la gravité des plaintes que les Acadiens pouvaient avoir à faire au sujet de leur Gouverneur, nous pouvons y suppléer dans une certaine mesure par un document qui se rattache de près à la question, et qui nous fait voir, en autant qu’on en peut juger par la version d’une seule des parties, quel était le sort que leur faisait le représentant de l’Angleterre. Quelques mois en effet avant l’incident dont nous avons parlé, les habitants résidant dans les limites du territoire compris dans la capitulation envoyaient au Gouverneur du Canada, M. de Vaudreuil, par l’intermédiaire de M. de Clignancourt[1], la lettre suivante :

  1. René Damours, sieur de Clignancourt, naquit, le 9 août 1662, probablement à Québec, quatrième fils issu du mariage (30 août 1752) de Mathieu Damours, seigneur Des Chaufours, et de Marie Marsolet. Fondateur de la lignée au Canada, Mathieu était le fils de Louis Damours, conseiller du Roi en son château de Paris, et d’Elizabeth Tessier de St-Paul, de Paris. Son frère Gabriel Damours, était, en 1664, aumônier du roi pendant que le cadet Pierre Damours devenait maréchal de France, la même année.

    René Damours épousa, le 13 octobre 1689, à Québec, Françoise Charlotte Le Gardeur, (née en 1670). Il dut peu de temps après se transporter en Acadie, car nous le trouvons en 1693, établi sur la rivière St-Jean, avec sa femme et son enfant de deux ans. Il y fut attiré par la présence de ses deux frères aînés, Louis Damours, sieur des Chaufours, et Mathieu Damours, sieur de Freneuse. Le premier occupait la seigneurie de Jemsec et le second, la seigneurie de Freneuse, sur la rivière St-Jean.

    En 1695, René est devenu seigneur de Medoctec, (un affluent de la rivière St-Jean). Le recensement énumère ainsi ses biens : femme, 2 enfants, 2 valets,